Cantine tropicale
Comme nous l’annoncions la semaine dernière dans cette même rubrique, le ceviche mène son attaque extraterrestre sur Lyon. Rappelons pour faire très court qu’il s’agit d’une salade américo- latine plus ou moins humide à base de poisson. Après La Cevichela, dont les murs sentent encore la peinture fraîche et la gentrification du « Septième » , voici la Casa Jaguar, « can
tina tropicale » , dont une part charnue de la carte est consacrée au ceviche. Ajoutons au passage que le Miraflores, restaurant créatif péruvien qui fait – et de loin – le meilleur ceviche de Lyon, vient de décrocher une étoile. Le ceviche est ici allégrement réinterprété, sinon chamboulé ( cf. Lisa et sa clarinette dans le générique de la série Les Simpson). De fait, le soir où nous sommes passés, deuxième jour d’ouverture selon le calendrier inca, le ceviche de canard était en rupture de stock, vu l’affluence typique des lieux déjà à la mode avant même d’ouvrir. Nous nous sommes reportés sur un ceviche plus classique.
Mi- jungle, mi- bar C’est bon, mitraillé de petites choses, des herbes à la graine. On regrettera cependant qu’en termes de Jaguar, il manque un coup d’accélérateur. « Il manque de c… » , résumera une consommatrice. Le
ceviche de poulpe, trop dur, était raté, problème d’allumage. On a zappé la soupe aux trois maïs et la soupe mariscos aux gambas pour passer directement à la grillade du jour, encadrée de trois sauces : de l’onglet, aux saveurs riches comme le trésor d’Atahualpa. Le poulet mole pané au maïs, d’une joyeuse croustillance, se parait d’une sauce mexicaine au cacao, en verve. Les légumes de saison « juste sautés » valaient à eux seuls le déplacement, comme un intéressant plat de quinoa, lui aussi sauté. Malgré quelques imprécisions de démarrage, on a été emballé par cette ambiance mi- jungle tamisée mi- bar new yorkais dont le volant d’action permet toute liberté ; boire simplement un cocktail ou des vins d’Amérique du Sud ( de nombreuses quilles à 25 euros), passer à table ou faire les deux, accoudé à l’un des deux bars de ce resto, qui classe par son énergie, l’autre félin, Lyon, dans les grandes villes qui bougent.