La Tribune de Lyon

JEAN- CLAUDE LAVOREL : « MON PÈRE AURAIT RÊVÉ QUE JE SOIS FONCTIONNA­IRE »

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT LONCHAMPT

Chef d’entreprise à succès avec son groupe LVL Médical dans une première vie, Jean- Claude Lavorel est en train de se constituer un empire hôtelier. Après le rachat de deux petits hôtels de luxe, puis du Marriott de la Cité Internatio­nale, l’infatigabl­e homme d’affaires de 68 ans vient d’annoncer l’acquisitio­n du futur hôtel Parc OL. L’occasion d’en savoir plus sur la stratégie d’un entreprene­ur dans l’âme.

Il y a deux ans, quand vous veniez de racheter l’hôtel Marriott de la Cité Internatio­nale, vous nous aviez dit ne pas avoir de stratégie hôtelière. Avec l’acquisitio­n du futur hôtel Parc OL, vous ne pouvez plus tenir le même discours…

C’est vrai, et je vais vous dire pourquoi j’ai une stratégie aujourd’hui : quand j’ai racheté le Marriott, j’ai fait l’acquisitio­n d’un gros navire. À la différence des Suites de la Potinière à Courchevel ( 15 chambres, NDLR) et du château de Bagnols ( 27 chambres, NDLR), il y a, ici, tout une organisati­on structurée avec des commerciau­x, des comptables, un service communicat­ion etc. Donc, une fois que j’ai eu cette équipe, je me suis dit qu’il était possible de constituer un véritable pôle hôtelier capable de gérer d’autres établissem­ents. Tout cela n’était pas planifié, mais s’est fait dans une sorte d’enchaîneme­nt.

Vous n’aviez pas en tête de bâtir un empire hôtelier quand vous étiez encore un entreprene­ur dans le secteur de la santé ?

Pas du tout. D’autant que je suis arrivé dans l’hôtellerie tout à fait par hasard. J’étais propriétai­re d’un chalet à Courchevel et une agence est venue vers moi en me disant que quelqu’un voulait l’acheter. J’ai répondu qu’il n’était pas à vendre, à moins de trouver quelque chose d’au moins aussi bien, voire mieux. Et ils sont revenus en me proposant un hôtel. Je me suis rendu à la visite sans conviction, mais à la fin je me suis dit « quand même, cet endroit est pas mal… » . C’est comme cela que j’ai fait l’acquisitio­n des suites de La Potinière. Ensuite, je suis resté dans la boucle en reprenant le château de Bagnols en 2012.

Après avoir racheté ces deux petits hôtels 5 étoiles, vous avez voulu passer à une nouvelle étape en rachetant le Marriott ?

Une nouvelle fois, ce n’était pas quelque chose de pré- médité. Il se trouve que mes anciens bureaux de LVL Médical étaient aussi à la Cité Internatio­nale, et que je venais toutes les semaines dans cet établissem­ent faire de la gym avec un coach. Cela ne m’avait jamais traversé l’esprit de l’acheter, mais j’ai fait des constats malgré moi pendant toutes ces années : « Tiens, l’offre

de services n’est pas terrible » ou « il faudrait faire des travaux d’entretien » Et, un jour, une connaissan­ce m’a demandé si je ne voulais pas racheter cet hôtel, qui était mis en vente par le groupe Partouche. Alors j’ai réfléchi à la manière de transforme­r cet endroit, avant de faire une offre qui a finalement été retenue…

Jusqu’à présent, vous aviez toujours repris des établissem­ents de luxe. Pourquoi investir 15 millions d’euros au Parc OL dans un hôtel moyen de gamme ?

Je me suis dit qu’il n’était pas crétin de faire l’acquisitio­n d’un hôtel 3 étoiles pour avoir une alternativ­e au château de Bagnols et au Marriott ( 5 et 4 étoiles, NDLR). Nous avons développé dans ces établissem­ents une grosse activité séminaire et je trouve cohérent de pouvoir proposer autre chose quand ces hôtels sont complets, ou trop élevés en termes de prix. Et je suis encore plus convaincu depuis que je suis allé visiter le Parc OL pour la première fois, la semaine dernière.

Vous voulez dire que vous avez signé l’achat du futur hôtel Parc OL sans être jamais allé au stade avant ?

C’est étonnant hein ? ( sourires) En fait, c’est Jean-Michel Aulas et Gilbert Giorgi ( un administra­teur de l’OL, NDLR), que je connais bien, qui m’ont approché. Je ne suis pas un inconnu à Lyon, et ils ont vu ce que je faisais à la Cité Internatio­nale. Pour leur image, il est hors de question que cet hôtel soit un fiasco. Il était donc important pour eux de trouver quelqu’un qui gère bien.

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