La Tribune de Lyon

PHILIPPE CARRY, LE VÉRITABLE HORLOGER DE SAINT- PAUL, C’EST LUI

À 50 ans, Philippe Carry, horloger restaurate­ur dans le Vieux Lyon, se fait aussi écrivain et éditeur

- C. S.

Saint- Paul forever

Quand en 1987, à 21 ans et en qualité de plus jeune horloger de France, Philippe Carry choisit d’ouvrir son atelier de restaurati­on d’horloges dans le Vieux Lyon, à côté de Saint- Paul, le nom de sa boutique s’impose de lui- même. En référence au film de Bertrand Tavernier, bien sûr, à qui il demande la permission d’emprunter le titre, mais aussi et surtout à cause de son histoire avec le quartier. « Je suis né ici et mes parents, mes grands- parents et mes arrière- grands- parents ont vécu à Saint- Paul. Je suis viscéralem­ent attaché à ce quartier » . L’artisan ne se lasse pas de s’émerveille­r de son patrimoine, et d’imaginer, derrière chaque pierre, la personne qui l’a sculptée.

Restaurer la vie

Le patrimoine, c’est aussi le coeur de son métier de restaurate­ur d’horlogerie. Une profession qu’il a choisie un peu par hasard, forcé de suivre des études manuelles. Ce sont ensuite les rencontres qui lui ont appris à aimer l’horlogerie. Dès l’école de la Cluze qu’il intègre à 14 ans, Philippe Carry se découvre un intérêt pour les objets anciens, l’horlogerie mécanique plutôt qu’électroniq­ue. La rencontre décisive a lieu avec son premier et dernier patron, Lucien Rignon, Meilleur Ouvrier de France, chez lequel il travaille pendant 3 ans. « J’ai découvert le pourquoi de mon métier. Être restaurate­ur, c’est rendre la vie tout en conservant la mémoire » . Son atelier compte d’ailleurs quelques trésors, comme Le Château aux Guignols, une horloge créée par Giovanni Giordano Vantusso, et inscrite au titre des monuments historique­s, ou encore cette pendule ayant appartenu à la reine Victoria d’Angleterre.

Le tic- tac repart

Mais l’une des restaurati­ons qui lui tient peut- être le plus à coeur, c’est l’horloge de la gare Saint- Paul, remise en état fin janvier après huit ans d’arrêt. Et presque autant d’années de négociatio­ns portées par un groupe d’habitants, pour convaincre la SNCF de la réparer. « Le local technique situé derrière l’horloge avait été transformé en appartemen­t. Il a fallu démontrer qu’on pouvait installer un mécanisme silencieux » . Après un mois et demi de travail, « la maison du temps » , comme Philippe Carry aime surnommer les gares, s’est réveillée et l’horloge a retrouvé son utilité publique. Cette dernière restaurati­on prouve bien, pour ceux qui en douteraien­t, que Philippe Carry est le véritable horloger de Saint- Paul.

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 ??  ?? Philippe Carry, l’horloger de Saint- Paul, a également écrit les textes du livre de la dessinatri­ce Ombre, édité par son entreprise.
Philippe Carry, l’horloger de Saint- Paul, a également écrit les textes du livre de la dessinatri­ce Ombre, édité par son entreprise.

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