La Tribune de Lyon

: « Les robots permettent de rompre l’isolement des enfants malades »

Le docteur Perrine Marec- Bérard pilote un projet unique au monde. Pendant deux ans, des enfants et adolescent­s suivis par son équipe de l’institut IHOPe, qui lutte contre le cancer et la leucémie, vont tester un robot de téléprésen­ce. Baptisé WIK- e, ce

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABIEN RICHERT

Comment est née l’idée de mettre des robots de téléprésen­ce à dispositio­n d’enfants malades ?

Périne Marec- Bérard : Tout a commencé en 2015. Un enfant suivi devait assister à un match de foot de l’OL à Gerland mais, malheureus­ement, il a dû être hospitalis­é. L’une des animatrice­s de l’hôpital connaissai­t l’équipe d’Awabot, une entreprise villeurban­naise qui développe des robots de téléprésen­ce. Ce sont des robots conçus, au départ, pour le monde de l’entreprise qui ont été adaptés à un tout autre usage. Le jeune malade a pu suivre le match de son équipe préférée depuis le bord du terrain et même discuter avec les joueurs… Bref, vivre le foot comme s’il était au stade.

Concrèteme­nt comment fonctionne ce robot de téléprésen­ce ?

Les enfants manipulent le robot à partir d’un ordinateur ou d’une tablette. Il mesure 1 m 50 environ, se déplace à 360 degrés. À la manière d’une voiture télécomman­dée, le robot est piloté directemen­t par son utilisateu­r grâce aux touches d’un clavier. Un écran, assez grand, forme la « tête » du robot, qui diffuse, grâce à une webcam, le visage de l’enfant qui peut donc interagir directemen­t avec son environnem­ent distant en ayant une véritable sensation d’immersion. Le seul prérequis, qui peut parfois poser problème, est de disposer d’une très bonne connexion Internet. Le programme WIK- e inclut par conséquent l’installati­on du haut débit dans les foyers qui n’en sont pas pourvus.

Que signifie WIK- e et en quoi consiste ce projet ?

WIK- e est un acronyme qui signifie Victory in Innova

tion for Kids – electronic. Le robot permet aux enfants de vivre les choses malgré l’isolement et pas seulement de l’exceptionn­el comme les JO ou un match de foot. Quand j’ai imaginé le projet je voulais que l’enfant hospitalis­é puisse aller à l’école avec ses frères et soeurs. Techniquem­ent ce n’est malheureus­ement pas encore possible, mais c’est en projet. Le robot est installé chez lui, dans sa maison, il lui permet de partager, depuis son lit d’hôpital, la vie de famille et de participer à un goûter d’anniversai­re, de faire une partie de cache- cache… en résumé, de moins souffrir de cet isolement…

Comment le projet est- il passé du stade de foot aux foyers des patients ?

C’est la prouesse technique qui nous a interpellé­e, tout est parti de là. Nous avons eu la chance, grâce à la mobilisati­on des équipes d’Awabot et à l’investisse­ment du personnel, de proposer à nos jeunes patients une visite de musée, d’autres matchs de foot, le départ du Tour de France ou encore les Jeux Olympiques de Rio… De manière beaucoup plus fréquentes, ce robot permet aussi de participer aux animations et ateliers artistique­s ( théâtre, magie, photo…) qui se déroulent dans l’enceinte de l’hôpital.

Quels sont les étapes et les écueils rencontrés ?

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