L’édito de François Sapy
C’est une étude récente de l’Insee, passée totalement inaperçue, qui incite à tirer la sonnette d’alarme. Le distingué institut d’études économiques vient de rendre les conclusions d’une analyse consacrée à la ségrégation par l’argent à Lyon, ainsi que dans quatre autres villes de la région*. Il en ressort que, selon les termes fl euris de l’administration : « À Lyon, la géographie des revenus est marquée par la ségrégation résidentielle intense des ménages à hauts revenus » .
Dit de façon plus claire, l’hypercentre de Lyon ( nord de la Presqu’île, nord du 6e arrondissement, Croix- Rousse et quartier Saint- Jean) n’est pratiquement plus peuplé que par des ménages très favorisés.
Certes, on s’en doutait déjà un peu… Mais voir écrit en toutes lettres que les riches de Lyon sont concentrés sur cinq petits kilomètres carrés, dans une sorte de ghetto excluant toute diversité, cela fait quand même un choc. Et, à terme, c’est nuisible au développement de la cité.
Pourquoi donc ne pas faire la même chose qu’à Lille ?
La capitale du Nord dirigée elle aussi par une socialiste ( quoiqu’avec Gérard Collomb, on ne sait plus vraiment…) vient juste de créer un astucieux Offi ce foncier pour lutter contre la spéculation immobilière. Concrètement, il s’agit de permettre aux ménages modestes de devenir propriétaires à bas prix dans l’hypercentre, tout en bloquant le mécanisme de spéculation qui les conduirait à revendre leur bien, quelques années plus tard, en empochant une énorme plus- value et en faisant fl amber les prix.
Au fi nal, ces propriétaires modestes ne toucheraient certes pas le jackpot à la revente,
mais cela leur coûterait toujours moins cher que de verser des loyers à fonds perdus. Face à la hausse considérable des prix de l’immobilier à Lyon ( voir notre dossier la semaine prochaine), un Offi ce de ce type permettrait de maintenir une vraie diversité dans les quartiers, ce qui rendrait notre ville et notre Métropole plus fortes.
Car la pression sur les prix ne risque pas de faiblir à Lyon au cours des prochaines années.
L’obtention du label IDEX accordé à l’Université de Lyon la semaine dernière va en eff et contribuer à renforcer l’attractivité de la Métropole. Et donc les prix de ses logements. Cette nouvelle, à mon sens, est l’une des plus importantes de ces cinq dernières années pour notre ville.
Outre les millions d’euros supplémentaires qu’elle implique pour l’Université, elle va entraîner dans son sillage des dizaines d’entreprises innovantes
qui vont y créer des centaines d’emplois qualifi és et de la richesse. Nos dirigeants, s’ils sont prévoyants, doivent d’ores et déjà anticiper ce mouvement et veiller à ce que la Métropole reste accessible en limitant les conséquences d’un tel engouement sur le logement du centre- ville.