La Tribune de Lyon

Purge cannoise

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Un cinéaste en pleine crise

d’inspiratio­n voit revenir un ancien amour qu’il croyait mort et ne sait plus qui il aime. Sur un thème rebattu qui aurait pu donner un film sentimenta­l porté par un trio de comédiens qu’on aime, malheureus­ement, aussi brillant soit- il, Desplechin succombe au verbiage nombrilist­e : pas un mot prononcé qui ne conduise à une pluie de références ( à ses propres personnage­s, à Pollock, à Hitchcock, et on en passe), tuant dans l’oeuf l’émotion qui aurait pu sur- gir. Pire, un dialogue sur deux se termine en question ou en maxime foireuse sur la vie qui va mal : « Qu’est- ce que tu cherches à faire ? » ; « Quelle dose de souffrance tu souhaites ? » ; « Je n’en finissais pas de ne pas lui suffire » ; ou le pompon : « C’est pas facile d’être le suicide de quelqu’un » ( sic). Si l’on était sûr d’avoir compris, on dirait volontiers que c’est certain, surtout lorsque la plupart des arguties psychologi­co- sentimenta­les sont répétées trois fois, sans doute pour mieux marquer l’indécision d’ai- mer. On comprend mieux pourquoi le film a deux versions : celle remontée et amputée de 20 minutes pour Cannes ( comprenez, Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg ça fait une belle montée des marches, mais le film est vraiment trop chiant). C’est celle que vous pouvez voir en salles si vous en avez le courage. Et la « version originale » de 2 h 15, que préfère le réalisateu­r et qui est projetée dans une seule salle à Paris… celle appartenan­t au producteur du film, Pascal Caucheteux. Le comble de l’entre- soi. Décidément, ce Desplechin- là n’était pas fait pour le public. L. H.

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 ??  ?? Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin ( Fr, 1 h 54) avec Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard, Louis Garrel…
Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin ( Fr, 1 h 54) avec Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard, Louis Garrel…

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