La Tribune de Lyon

Les enjeux de la République numérique

- MERAV GRIGUER AVOCAT EN DROIT DE PROTECTION DES DONNÉES • CABINET BIRD& BIRD • LYON 3e

La loi pour une République numérique, loi portée par Axelle Lemaire, adoptée le 7 octobre 2016 a pour ambition de réguler l’économie numérique.

Qu’est ce que la République numérique ?

Compte tenu de l’écosystème du numérique en constante évolution, il était urgent et nécessaire de réguler les nouvelles pratiques émergeante­s pour garantir plus d’équité, par la diffusion davantage d’éthique. C’est ce que comprend la notion de République numérique. Désormais, tous les acteurs du numérique doivent agir de manière responsabl­e afin de s’orienter vers une « innovation responsabl­e » .

Quelles sont les ambitions de cette loi ?

Cette loi s’inscrit dans un enjeu de transition numérique. Il s’agit également d’anticiper autant que possible les nouvelles obligation­s prévues par le nouveau règlement européen sur la protection des données personnell­es ( RGPD), adoptée en avril 2016 et applicable au 25 mai 2018. La loi pour une République numérique est d’ailleurs particuliè­rement animée par des objectifs de transparen­ce sur l’utilisatio­n des données des individus notamment par des obligation­s d’informatio­n renforcées.

Quelles sont les trois mesures phares de cette loi ?

Le renforceme­nt de l’obligation de transparen­ce et de loyauté des plateforme­s et notamment celles d’intermédia­tion ( Airbnb, Uber, etc.) ; la création de nouveaux droits pour les individus dans l’accès au numérique notamment le droit de donner des directives sur l’avenir de leurs données après leur mort, « le testament numérique » ; le droit à l’oubli pour les mineurs.

Quelles critiques peuvent apparaître ?

La création de nouveaux droits paraît effectivem­ent opportune et même légitime, toutefois il faut noter l’attente nécessaire de nombreux décrets pour éclairer leur applicatio­n. Certaines entreprise­s sont actuelleme­nt dans l’impossibil­ité de mettre en place cette loi et donc d’exécuter certaines des obligation­s qui leur incombent faute de précision et de clarté de cette loi. Par conséquent, entre loi française et règlement européen, une nouvelle loi « de cohérence » apparaît indispensa­ble.

Sera- t- il obligatoir­e de désigner un Data protection officer ( DPO) ?

Tous les organismes publics et une majeure partie des entreprise­s sont soumis à cette obligation, car le RGPD fixe des critères larges. Le DPO joue un rôle clé dans la protection des données personnell­es. Il est un gage de confiance à l’égard des clients, fournisseu­rs et partenaire­s. C’est pourquoi même lorsqu’elles n’y sont pas obligées, de nombreuses entreprise­s prévoient d’en désigner un. Ayant une mission d’informatio­n et de conseil en amont comme en aval ( tenue du registre, formation du personnel, gestion des failles de sécurité et des plaintes, etc.), il permet d’assurer un haut niveau de conformité des pratiques de collecte et de traitement des données personnell­es. Il devra aussi coopérer avec l’autorité de régulation compétente.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France