La Tribune de Lyon

Venez voir pour de vrai

- DIRECTEUR DE LA RÉDACTION FRANÇOIS SAPY, * 1 avenue du 11 novembre 1918 à Vénissieux.

Tout a été dit, redit et reredit sur les élections législativ­es à Lyon et la razzia de La République en marche ! sur le scrutin. Je parlerai donc d’autre chose cette semaine, cela nous fera des vacances. Et cela tombe plutôt bien car, le vendredi 16 juin, une organisati­on lyonnaise lance une initiative que je trouve particuliè­rement intéressan­te et bienvenue.

Cette associatio­n est bien connue des Lyonnais,

puisqu’il s’agit d’Habitat et humanisme, la structure créée par le père Devers, un prêtre qui s’eff orce de loger les pauvres dans les grandes villes. Il se trouve que l’année dernière, H& H s’est mobilisée pour accueillir 179 réfugiés lors du démantèlem­ent de la jungle de Calais. Un an plus tard, ce vendredi 16 juin, elle organise une rencontre dans son centre d’accueil et d’orientatio­n La Roseraie* et invite les Lyonnais à venir les rencontrer.

Pourquoi ? Parce que ces 179 réfugiés tentent depuis dix- huit mois d’apprendre le français,

mais ils ne trouvent personne pour pratiquer cette langue. Les animateurs de H& H ont donc tout simplement imaginé un barbecue et des parties de pétanque pour que ces réfugiés puissent échanger avec des Lyonnais. Je vous invite à aller y faire un tour, pour sortir des poncifs et des images d’Épinal.

Cela me semble particuliè­rement important. On a beaucoup parlé des réfugiés ces derniers mois à la télé.

Le Front national - et même une bonne partie de la droite qui lui courait derrière - a fait ses choux gras de l’image de délinquanc­e associée à ces réfugiés qui venaient « manger le pain des Français » comme le disait très bien un grand penseur français de naguère, Fernand Raynaud.

Là, Habitat et Humanisme propose tout simplement de venir parler à ces réfugiés

lambda qui apprennent la langue de Molière en attendant la décision de l’administra­tion française. Pour se rendre compte par soi- même, sans pollution par le fi ltre médiatique ou l’outrance des politiques. J’y pensais d’ailleurs dimanche dernier, lors de la traditionn­elle soirée électorale dans les salons dorés de la préfecture. En voyant tous ces élus – ou futurs élus – bien rodés aux cérémonies de la République, je me demandais lequel d’entre eux avait déjà vu un réfugié ou, mieux, parlé à un réfugié. Je me pose toujours la question aujourd’hui.

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