La Tribune de Lyon

Qui est « TTA » , l’incontourn­able patron de Seb

Patron de Seb depuis 2000, Thierry de la Tour d’Artaise est l’homme qui a fait atteindre les sommets au géant de l’électromén­ager basé à Écully. Mais la réussite ne semble pas changer le quotidien de « TTA » . Un homme presque normal au parcours hors norm

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Micro en main, Thierry de la Tour d’Artaise arpente la scène,

va et vient en récitant avec un débit fluide un discours bien appris. Une apparition publique rare pour le grand patron de Seb, qui inaugurait ce mardi le nouveau siège social mondial de Seb à Écully devant une trentaine de journalist­es venus découvrir les lieux ( voir page suivante). Phrases assurées, réponses claires, le patron du numéro 1 mondial du petit équipement domestique a l’air affable et bonhomme. Pour l’occasion, TTA – comme il est surnommé – a même tombé la cravate : « Nous voulons être dans l’esprit du campus » , affirme- t- il.

L’homme derrière l’ascension de Seb

Pour autant, Thierry de la Tour d’Artaise n’en est pas encore à porter jeans et basket, à l’image des salariés en tenues colorées et décontract­ées croisés ce jour- là dans les allées des bâtiments flambant neuf. Sa fonction l’en empêche : à 62 ans, il est l’un des plus puissants patrons lyonnais, à la tête d’un mastodonte qui emploie 30 000 collaborat­eurs dans le monde et a vendu l’an dernier pour plus de six milliards d’euros de produits électromén­agers sous une multitude de marques ( Tefal, Krups, Rowenta, Calor, Moulinex…). Nommé numéro 1 de Seb il y a maintenant 17 ans, TTA a littéralem­ent transformé le groupe qui ne pesait alors « que » 1,8 milliard d’euros. Entre- temps, Seb a racheté une multitude de concurrent­s et s’est fortement développé dans les pays émergents, Chine et Brésil en tête. Une sacrée performanc­e quand on sait que Thierry de la Tour d’Artaise n’était au départ « pas vraiment intéressé par le

petit équipement domestique » . Marié depuis 1980 avec Bénédicte Lescure, l’une des héritières de Seb, il n’entre dans le groupe qu’en 1994. Pas seulement marié à la bonne personne, Thierry de la Tour d’Artaise a depuis su faire preuve de vision. Grand capitaine d’industrie avec les émoluments correspond­ants ( plus de 2,2 millions d’euros de revenus en 2016), il n’est pourtant pas le genre de patron à se mettre en avant. Mais, s’il dit « détester les dirigeants qui veulent incarner tout seul la réussite d’un groupe » et ne cesse de mettre en avant « le travail d’un collectif » dans un discours très corporate, il garde indéniable­ment une part importante dans cette réussite. « C’est quelqu’un qui a développé une vision mondiale de la profession » , assure Jean- Pierre Lac, qui a travaillé pendant plus de dix ans auprès de TTA au poste de directeur général adjoint du groupe en charge des finances. « Et puis, c’est quelqu’un doté d’une immense culture, cela lui sert dans les affaires, poursuit Jean- Pierre

Lac. Nous nous sommes mis au chinois en même temps. J’ai arrêté à la 14e leçon, lui a continué longtemps : il adore ça et est extrêmemen­t doué. »

Un Pdg multi- casquettes

Une soif d’apprendre qui expliquera­it la formidable collection de mandats et fonctions accumulées depuis des années par Thierry de la Tour d’Artaise. Au niveau local surtout, puisqu’il est membre du conseil d’administra­tion du sous- traitant automobile Plastic Omnium, de l’école de management EM Lyon et de l’institut Paul Bocuse, sans oublier des mandats de président du comité des amis de NotreDame des Sans- Abri et de l’associatio­n qui gère le Nouvel Institut franco- chinois à Lyon. Résultat, ce Lyonnais de naissance est devenu, en une petite vingtaine d’années, l’un des acteurs incontourn­ables du monde économique local. En ville, on s’arrache ce patron discret, dont la présence est rare. « Au sein des clubs de dirigeants du Prisme ou au Cercle de l’Union, il fait partie des quatre ou cinq têtes de série, avec par exemple Norbert Dentressan­gle ou Olivier Ginon, affirme Richard Brumm,

« Au Prisme ou au Cercle de l’Union, Thierry fait partie des quelques têtes de série, avec Norbert Dentressan­gle ou Olivier Ginon »

l’adjoint aux Finances à la Ville de

Lyon. Il fait partie de ceux qui ont le plus d’expérience, notamment à l’internatio­nal. Même s’il a un emploi du temps très chargé, on lui demande parfois de faire des interventi­ons pour qu’il partage son expérience. » « Au Cercle de l’Union, il n’est pas parmi les plus assidus, mais quand il est là, c’est la vedette américaine, tout le monde tient à le saluer » , poursuit l’autre intime des réseaux Érick Roux de Bézieux, qui connaît l’homme pour être son vice- président au comité des amis de Notre- Dame des Sans- Abri, qui vient en aide aux personnes en difficulté – SDF, femmes battues, chômeurs longue durée, migrants… – Rien d’étonnant que de retrouver TTA ici, lui qui se « reconnaît dans cette tradition du patronat lyonnais » , empreint de catholicis­me social. « Il se trouve que, de par ma position, je peux aider. Quand je sollicite des patrons ou des entreprise­s au sujet du Foyer de Notre Dame des Sans- Abri, je peux être écouté. Il est normal de donner du temps pour ces oeuvres. J’aurais aussi pu servir des repas à Habitat & Humanisme, mais je suis sans doute plus utile là où je suis. » Ou comment activer ses puissants réseaux pour récolter des fonds pour des bonnes causes.

Dire non à Sarkozy

Surtout, cet engagement n’est pas une posture pour l’image. « À Notre Dame des Sans- Abri, il pilote les réunions, connaît tout par coeur, raconte

Érick Roux de Bezieux. Il gère ça comme une start- up, nous dirige comme si l’on était des cadres sup’ d’une boîte. Il fixe des objectifs et revient une ou deux fois par an pour faire le point. » Au Nouvel Institut franco- chinois de Lyon, ce passionné de la Chine est même plus assidu encore. « Je le vois environ une fois par mois, raconte Candice du Chayla, la directrice du lieu. C’est une personne très motivante. Il a ce côté très humain, à l’écoute et toujours volontaire pour apprécier les nouvelles idées. C’est quelqu’un vers qui on peut

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Depuis son arrivée en 2000 à la tête de Seb, le groupe a triplé son chiffre d’affaires.
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Thierry de la Tour d’Artaise lors de l’inaugurati­on du siège mondial de Seb, mardi dernier.

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