Collomb, le super- puissant de Lyon
C’est un vrai paradoxe. Alors même qu’il s’apprête à démissionner de son mandat de maire et de la présidence de la Métropole, Gérard Collomb a verrouillé le pouvoir sur le territoire. La République en marche, qu’il soutient depuis les tout premiers mois, a en eff et réalisé le grand chelem dans le Grand Lyon, avec douze députés élus sur douze candidats.
Le parti LR est proprement balayé :
Philippe Cochet, le patron de LR dans le Rhône, devra désormais se contenter de la mairie de Caluire. Il se présentait pourtant dans la circonscription qui avait accordé le plus de suff rages à François Fillon pour les élections présidentielles. Autre grande surprise, Dominique Nachury, députée de la quatrième circonscription du Rhône, réputée imperdable pour la droite, réalise un humiliant 32 % face à Anne Brugnera, pourtant adjointe de Collomb et dûment étiquetée PS jusqu’à ce qu’elle s’engouff re dans le sillage de l’ouragan En marche. Une ancienne socialiste élue à plus de 65 % dans le 6e arrondissement de Lyon, c’est à peine croyable !
Pour les socialistes, du moins ceux qui ont choisi de garder l’étiquette du parti, la défaite est tout aussi amère.
Qu’une ex- ministre comme Najat Vallaud- Belkacem, numéro trois du gouvernement Hollande, qui a eu les honneurs de toutes les télévisions pendant le quinquennat, de surcroît bruyamment soutenue par le maire de Villeurbanne, puisse échouer face à Bruno Bonnell, novice en politique, c’est le signe que quelque chose de très sérieux s’est passé.
À présent, le jeu des pouvoirs va considérablement évoluer dans le Grand Lyon.
L’ombre de Gérard Collomb va planer dans toutes les décisions et à tous les étages. À Lyon, dans les arrondissements encore tenus par l’opposition ( le 6e et le 2e), la gamelle de Nachury et l’échec de Denis Broliquier vont forcément aff aiblir politiquement la droite lyonnaise.
Collomb n’a pratiquement plus d’opposition crédible.
La seule vraie menace, pour le puissant ministre de l’Intérieur, viendra de Jean- Paul Bret, le maire PS de Villeurbanne, qui a créé un groupe de onze élus au Grand Lyon.
Dans le microcosme politique, tout le monde a désormais une seule date en tête : 2020,
l’année de la première élection du président de la Métropole au suff rage universel. « Gérard Collomb est très secret sur ses intentions, on ne sait pas vraiment ce qu’il va faire en 2020 » , nous confi ait dimanche soir, à peine élu, l’un des nouveaux députés LREM de Lyon. À n’en pas douter, il sera candidat à sa propre succession, car il a toutes les cartes en main. Collomb, qui a attendu 25 ans avant d’avoir un semblant de pouvoir à Lyon, n’y aura bientôt plus aucun mandat. Il n’a pourtant jamais été aussi puissant.