Dans les coulisses des retransmissions sur grand écran
C’ est l’opéra de Lyon qui fut le premier à le faire en France
et en Europe : retransmettre gratuitement et en simultané sur grand écran une production de l’opéra de Lyon dans plusieurs villes d’Auvergne Rhône- Alpes. Pour Serge Dorny, directeur de l’opéra de Lyon, le principe est à rebours des projections payantes dans les salles de cinéma. Celles- ci sont chères ( entre 27 et 30 euros) et n’attire qu’un public d’aficionados qui vient voir ses divas et stars préférées en direct de New York ou de Paris. L’opéra de Lyon sur grand écran se veut exactement le contraire : « Partager gratuitement avec le plus grand nombre un spectacle populaire » . En général entre 10 000 et 15 000 personnes en tout. Après La Traviata qui inaugurait ce bal en plein- air en 2009, ce sera au tour de Donizetti cette année, dans la production délicieuse de Laurent Pelly, parodiant les codes de l’opéra d’antan dans une farce irrésistible, idéale pour tenter une première fois à l’opéra.
C’est la première vertu des retransmis
sions gratuites sur grand écran : faire découvrir le spectacle total qu’est l’opéra à un public qui la plupart du temps ne le connaît pas. Soit parce qu’il n’en est pas familier, soit parce qu’il en est géographiquement très éloigné. D’où l’idée de réaliser un
making of en préambule de chaque retransmission, destiné à faire découvrir l’envers du décor d’un spectacle d’opéra, du maquillage aux costumes en passant par la machinerie des décors. Mais c’est surtout l’achat du temps satellite pour réaliser deux captations ( dont une de secours) qui coûte le plus cher, cumulé aux droits d’auteur et aux locations d’écran et supplément de personnel ( un technicien qualifié est présent sur chaque site). En tout, une retransmission coûte entre 250 000 € pour un simple ballet comme l’an passé, à 400 000 € pour une nouvelle production du calibre de Viva
la Mamma. D’où la nécessité de mécènes privés en plus des partenaires publics comme la Région. La démocratisation culturelle a un prix, mais elle permet de « fidéliser un nouveau public qui revient souvent à l’opéra, mais cette fois dans la salle. »