L’édito de François Sapy
C’ est un peu une marotte. D’autres diraient une obsession. Le logement va devenir un problème majeur à Lyon à long terme si des engagements massifs ne sont pas pris aujourd’hui par nos dirigeants. J’en veux pour preuves deux nouvelles études de l’Insee qui nous montrent que, selon les décisions qui seront prises à très court terme, la région lyonnaise deviendra un enfer ou un paradis pour ses habitants.
Ces informations révelées par l’Insee, les voici. En 2050, notre région comptera près de 10 millions d’habitants. C’est une bonne nouvelle car, depuis vingt ans, on entend que Rhône- Alpes n’a pas la taille critique pour rivaliser avec ses concurrentes européennes telles que la Catalogne, la Lombardie… La création de la Métropole de Lyon et le rapprochement entre Rhône- Alpes et l’Auvergne ont jeté les bases d’un extraordinaire dynamisme économique. Désormais, la région – qui comptera donc 40 % d’habitants de plus que le Danemark dans trente ans – a la taille suffi sante pour partir à la conquête du monde.
Cette croissance se concentrera sur les pôles métropolitains, notamment Lyon, qui accueille toujours plus d’étudiants. D’où l’absolue nécessité de dimensionner les infrastructures pour accueillir cette croissance. Voyez l’Île- de- France : la grande majorité de ses habitants, notamment les plus modestes, vivent chaque jour un enfer dans les transports, car ils ne peuvent se loger que très loin du coeur de la région, Paris. Logements et transports sont les deux mamelles du bien- être futur des enfants de Lyon.
J’entends donc bien les réserves d’un grand nombre de personnes autour de l’A45 entre Lyon et Saint- Étienne, dont le conseil d’État vient de valider le projet. Mais, si l’on n’améliore pas la liaison entre ces deux villes et que l’on ne remplace pas rapidement l’antique A47, on se promet des engorgements dantesques qui généreront une eff royable pollution dans la vallée du Gier et le nord de la vallée du Rhône. Son fi nancement étant désormais assuré, il faut y aller, et le plus vite possible. Bien entendu, comme toute infrastructure, elle induira des nuisances. Mais les nuisances seront bien supérieures si l’on n’y va pas.
Alors, évidemment, cela n’empêche pas de travailler sur des alternatives high- tech comme le train Hyperloop, une capsule circulant à très grande vitesse dans un tube à basse pression. Ce train mettrait la place Bellecour à 10 minutes de l’agglomération stéphanoise. Il faut donc saluer l’initiative de la région Auvergne Rhône-Alpes consistant à mettre en place un groupe de travail sur ce train subsonique. Mais cela ne suffi ra pas. Le réseau routier doit aussi être mis au niveau de la croissance qui s’annonce.