La Tribune de Lyon

LE JARDIN DU PRÉ FLEURI : UN NOUVEAU RESTO QUI FAIT VOYAGER

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On se souvient d’un bar de quartier et clos de boule lyon

naise bien écaillé, enroué, comme un des derniers stigmates de la Villeurban­ne ouvrière. Un vestige archéologi­que rappelant les cheminées qui fument et le blanc du matin. Or voilà que la mondialisa­tion a rattrapé le cochonnet par la queue. Depuis quelques mois, grosse surprise, l’ex- Pré fleuri est passé entre les mains de l’Empire du milieu… Un avant- poste des nouvelles routes de la soie ? Mais non, bande de paranos, on exagère. Les jeunes Shi Kang dit M. Kang, ( gérant cuisinier) et Joy Lin ( directrice accueil clients), sont bien originaire­s de Chine du Nord, mais ne font pas partie du pharaoniqu­e projet de libre- échange annoncé. Ils ont juste choisi la France pour leurs études, puis Lyon pour s’installer.

Cuisine asiatisant­e. Le plus drôle est que les nouveaux jardins du pré fleuri ne servent pas du tout de cuisine chinoise, mais une fusion volontaris­te de cuisine française et japonaise ( et « asiat isante » en général) sous la baguette du chef Konno Naoki, passé par l’école Tsuji ( école pour Japona i s insta l lée dans l e Beaujolais). De fait, notre tartare de saumon du midi, à l’allure placide, était en réalité réveillé au tocsin par un assaisonne­ment pimenté, bien en phase avec la fraîcheur du sujet. Quant au duo de poissons, présenté sur un nid de pâtes fraîches, il était parfumé à la citronnell­e. Le soir, en fin de semaine, la boussole s’affole au carrefour des mondes avec un flan frais de crabe au gingembre et au coul i s de homard, un carpaccio de Saint- Jacques mâtiné de wasabi – en vinaigrett­e pour ne pas trop leur piquer le derrière – d’un steak d’espadon sauce miso ( et purée de patates douces) ou d’un filet de dorade sauce aigre- douce et risotto au shitake. Bref, si le propos partouzocu­linaire peut sembler étrange dans un cadre qui rappelle encore furieuseme­nt le jeu de boules ( on peut d’ai l leurs venir avec sa triplet te pour une pétanque digestive) dans un Villeurban­ne oublié sous les arbres, on a aimé ce voyage exotique à peu de frais. On retournera tester un autre chapitre de l’établissem­ent : une belle liste de cocktails préparés par le barman franco- anglais Yvan. Dernier détail, si vous êtes un groupe ( il en faut pour faire un monde) le lieu est idéal.

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Le chef Konno Naoki.

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