Pour un Vélo’v plus innovant et moins coûteux
FRANCK BRÉDY, FONDATEUR DE VÉLOGIK, GESTIONNAIRE DE PARCS DE VÉLOS Annoncé depuis des mois, le « Velo’v 2 » tarde à montrer le bout de son guidon. La faute à l’opacité de JCDecaux, gestionnaire du service à Lyon ? C’est la question que se pose Franck Bréd
Pistes en site propre, double sens cyclables, comp
teurs à vélos : la politique cyclable de la Métropole est de plus en plus visible et effi cace, et on ne peut que s’en réjouir. Mais elle ne sera complète que lorsqu’un système de vélos à la fois en libre- service ( VLS) et en location longue durée digne de son rang de métropole européenne verra le jour. Avec Vélo’v, Lyon a été la première métropole française à créer un service de location de vélos partagés à une aussi grande échelle, il y a 12 ans. Mais la suite tarde à arriver. Alors que le nom du nouvel exploitant et les changements prévus pour le « Velo’v 2 » devaient être annoncés depuis longtemps, suite au renouvellement du marché, les Lyonnais n’ont aucune nouvelle du devenir de leur vélo rouge et noir. Les pourvois en cassation devant le Conseil d’État, la candidature militante du collectif La CLAVette ont- ils incité la Métropole à exercer un tel silence radio ? En tout cas, la situation n’est pas très rassurante pour les usagers en droit d’attendre un service plus fl exible et connecté, et pour les contribuables soucieux face à l’opacité économique du modèle JCDecaux, l’exploitant actuel de Vélo’v. Après dix ans d’existence et d’implantation à Lyon, notre société, Vélogik, regrette de n’avoir pas pu répondre loyalement à l’appel d’offres « Vélo’v 2 » dans sa propre ville. Nous sommes pourtant aujourd’hui une solide PME avec près de 10 000 cycles en gestion ( dont le deuxième service de loca- tion en France, Métrovélo à Grenoble), une entreprise détentrice d’un savoir- faire unique, reconnu par une centaine de collectivités et d’entreprises, et qui s’était préparée à proposer une offre à la Métropole de Lyon.
Mais à l’arrivée, la procédure s’est avérée faussement compétitive, avec un montage juridique échafaudé sur mesure pour JCDecaux. Rien d’étonnant, donc, à ce que la multinationale de la pub ait été à notre connaissance la seule à répondre. Depuis le retrait de ClearChannel de ce type de marchés, JCDecaux est en effet en état de quasi- monopole pour la fourniture et la gestion à la fois de mobilier urbain et de services vélos, moyennant bien sûr toujours plus d’espaces publicitaires. Une solution rejetée par toutes les collectivités depuis 2010 – y compris Paris lors du récent renouvellement de Vélib’. Toutes, sauf Lyon.
La perte pour JCDecaux du service parisien devrait justement interroger les pouvoirs publics lyonnais sur la pertinence de prolonger en 2017 un service qui apparaîtra désormais très vite comme dépassé et insuffi - sant. Même si les chances d’un véritable « David » – en l’occurrence Vélogik – contre un indéniable « Goliath » – JCDecaux – auraient été faibles, nous aurions pu proposer avec enthousiasme un modèle alternatif, notamment aux vélos électrifiés promis par JCDecaux qui s’annoncent à nos yeux comme une usine à gaz. Un service à la pointe de l’innovation, couvrant une plus grande superfi cie et à la gamme plus étendue nous paraît nécessaire, contribuant davantage au report de la voiture vers la bicyclette.
L’absence anormale d’informations concernant l’avenir d’un service si important, qui concerne quelque 60 000 abonnés longue durée, semble refl éter des négociations plus délicates que prévu et une déception prévisible. Les Lyonnais seront- ils privés d’un choix équitable et légitime ? Ou ont- ils encore une chance de ne pas en « reprendre » pour quinze ans de JCDecaux si la Métropole avait la bonne idée de remettre en jeu la gestion de ce service de mobilité emblématique ?
« JCDecaux est en état de quasimonopole pour la fourniture et la gestion à la fois de mobilier urbain et de services vélos, moyennant bien sûr toujours plus d’espaces publicitaires. »