La Tribune de Lyon

Victime d’une erreur médicale, quel recours ?

AVOCAT EN DROIT DU DOMMAGE CORPOREL ET DU TRAVAIL • CABINET BAÏCHE • VILLEURBAN­NE

- MUSTAPHA BAÏCHE PROPOS RECUEILLIS PAR YMANE GLAOUA

Souvent, suite à une erreur médicale, la victime, touchée physiqueme­nt l’est également psychologi­quement. Et elle doit savoir qu’elle dispose de nombreux moyens juridiques pour lui permettre d’obtenir réparation de ses préjudices.

Quelles sont les caractéris­tiques d’une erreur médicale ?

L’erreur médicale doit d’abord être imputable à un acte médical. Elle doit, ensuite, avoir causé un dommage anormal, c’est- à- dire avoir entraîné, pour le patient, des conséquenc­es plus graves que celles auxquelles il aurait été exposé en l’absence de traitement ( ex : le patient est devenu tétraplégi­que après une interventi­on pour une hernie discale C4- C5). L’anormalité du dommage pourra également être retenue si, au regard des connaissan­ces acquises de la médecine, il présentait une probabilit­é de survenance très faible. Enfin, la victime devra justifier d’un dommage relativeme­nt grave ( incapacité permanente supérieure à 24 %, ou arrêt de travail d’au moins six mois).

Qu’en est- il si le dommage résulte de la faute du profession­nel de santé ?

Dans ce cas, si le profession­nel ( médecin, chirurgien, obstétrici­en, anesthésis­te…) n’a pas réalisé son acte dans des conditions normales de compétence et d’attention, la victime sera indemnisée, sans aucune condition de gravité, par la compagnie d’assurance de ce dernier.

Une procédure amiable est- elle envisageab­le pour que la victime puisse obtenir une indemnisat­ion ?

Oui. La procédure amiable débute par une demande adressée à la Commission de conciliati­on et d’indemnisat­ion des accidents médicaux ( CCI) qui va nommer un expert médical. Si l’expert, après avoir examiné la victime, retient une faute du profession­nel de santé, c’est l’assurance de ce dernier qui sera invitée à faire une offre d’indemnisat­ion. S’il retient une erreur médicale non fautive, c’est l’Oniam qui présentera une propositio­n d’indemnisat­ion. La procédure amiable a l’avantage de la gratuité : la victime n’avance pas les frais d’expertise. En revanche, elle a pour inconvénie­nt majeur une indemnisat­ion souvent faible.

Que pensez- vous de l’utilisatio­n de la procédure judiciaire dans de telles circonstan­ces ?

La procédure judiciaire ( saisine directe du Tribunal) nécessite, certes, de faire l’avance des frais d’expertise, mais possède l’avantage indéniable de garantir à la victime le respect de son droit fondamenta­l à la réparation intégrale de son préjudice. Le choix de la procédure devant être engagée ( CCI ou Tribunal) est donc essentiel et doit être mûrement réfléchi dès le début.

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