Jean- Charles Foddis : « On peut encore largement améliorer la notoriété de Lyon »
Directeur depuis deux ans de l’agence économique Aderly, Jean- Charles Foddis est en quelque sorte le « Monsieur attractivité » de Lyon. Son job : faire en sorte que la métropole gagne en visibilité et attire toujours plus d’entreprises. Une tâche abordée
Lyon arrive en tête de nombreux classements français et européens portant sur la qualité de vie, l’attractivité des cadres, la création d’entreprises ou bien encore comme meilleure destination pour un court séjour. Vous avez le sentiment que Lyon est une ville à la mode ?
JEAN- CHARLES FODDIS : On sent clairement qu’il y a une dynamique positive actuellement. Il ne faut pas se reposer sur cette dynamique, mais la pérenniser et faire en sorte qu’elle continue de croître. Et c’est à nous, acteurs lyonnais, de la faire durer. Nous devons donc nous poser les bonnes questions pour que la métropole lyonnaise soit toujours plus attractive. Car ce genre de dynamique peut aussi se retourner très vite.
Comment faire pour pérenniser cette dynamique ?
On a une chance : Lyon est à la mode, mais cela ne repose pas sur des éléments « à la mode » . Nos fondations sont très solides : la gastronomie, des filières éc onomiques fortes, de bons établissements universitaires, une qualité de vie super agréable… Je ne dis pas que Lyon est la meilleure des villes dans tous ces domaines, mais nous avons le gros avantage d’être bons dans un ensemble de choses. Cet équilibre est un atout.
Comment expliquer le fait que Lyon se révèle véritablement aujourd’hui ?
Je dirais que cette dynamique a été enclenchée il y a 20 ou 25 ans, mais qu’elle est désormais plus visible. Notamment parce que le nombre de classements se multiplie. Avec les réseaux sociaux, on passe notre temps à noter, à faire des classements. Et il se trouve que Lyon apparaît à une place assez haute dans plusieurs de ces palmarès, tant mieux pour nous !
Mais il faut aussi relativiser, Lyon reste une ville inconnue en Chine ou aux États- Unis…
C’est sûr que l’on peut encore largement améliorer la notoriété de Lyon. Quand je suis dans un taxi à l’étranger et que je dis venir de Lyon, je dois souvent préciser où ça se trouve par rapport à Paris. Mais faire connaître la ville à l’international, c’est la mission depuis dix ans du programme OnlyLyon. Il s’agit d’un véritable travail de fond qui peut sembler parfois un peu ingrat, mais qui est absolument nécessaire pour faire progresser la notoriété de la ville. Et cette tâche n’est pas facilitée par le jacobinisme français. On ne renverse pas en quelques années des tendances établies pendant plusieurs siècles…
D’après vous, à quelle place peut véritablement prétendre Lyon dans le classement international des métropoles ?
Il ne faut pas se tromper d’objectif. Le combat n’est pas d’être plus connu que les grandes capitales européennes, mais de monter progressivement dans les écrans radars. J’ai la conviction que Lyon peut s’installer durablement comme une eurocité visible, forte et dynamique. Je trouve que le terme d’eurocité correspond bien à Lyon, car cela dit aussi qu’on ne fait pas la course avec Paris ou Londres. Et, dans cette catégorie des eurocités, la métropole lyonnaise doit avoir une position encore plus affirmée.
L’an dernier, l’Aderly a battu son record avec 110 implantations d’entreprises, mais parallèlement les projets sont de plus petite envergure, notamment en termes de création d’emplois. Les « grosses » implantations, c’est encore quelque chose d’envisageable selon vous ? J’espère bien ! La dernière grosse implantation industrielle date de 2015 avec le groupe Excel Composite qui a investi 200 millions d’euros pour créer un site près de Lyon. Aujourd’hui, la tendance générale est plutôt aux petits projets, mais il n’y a pas de fatalité. Je ne peux pas donner de noms car c’est évidemment confidentiel, mais nous avons dans les tuyaux quelques beaux projets qui pourraient se concrétiser d’ici un ou deux ans.
« Nous avons dans les tuyaux quelques beaux projets d’implantation qui pourraient se concrétiser d’ici un ou deux ans »
Vous pensez battre de nouveau le record du nombre d’implantations cette année ? C’est encore trop tôt pour le dire. En revanche, je constate depuis le début de l’année que les projets d’implantation sont globalement de meilleure tenue par rapport à ce que l’on voyait ces dernières années. Et, plus que le nombre d’implantations, c’est le volume d’emplois créés à trois ou cinq ans qui m’intéresse. Il faut que l’on cible encore mieux les projets accompagnés pour aller chercher ceux qui sont les plus intensifs en termes d’emplois. Une bonne part des entreprises qui se sont implantées l’an dernier vient des secteurs des sciences de la vie ou du digital. D’autres secteurs forts pourraient émerger ? Oui, je pense notamment aux métiers de l’assurance, car c’est une activité forte à Lyon même si ce n’est pas très visible. Nous avons aussi des atouts à mettre en avant dans les domaines de la cybersécurité ou de ce que l’on nomme « l’industrie du futur » . Ce sont de vrais leviers pour les prochaines années. La Métropole a- t- elle l’ambition d’attirer aussi des sièges sociaux ou c’est un objectif inatteignable ? Comme je le dis, nous ne nous prenons pas pour une capitale. Il y a des activités, dans la finance par exemple, que l’on ne va pas aller chercher. En revanche, on s’intéresse beaucoup au fait d’attirer des fonctions de sièges ( services comptabilité, RH, communication…
NDLR). C’est quelque chose que l’on veut développer et l’Île- de- France est une vraie zone de chasse pour nous. On prospecte de plus en plus dans la région parisienne car notre territoire est capable d’accueillir des entreprises dans des conditions bien plus favorables, que ce soit en termes de prix de l’immobilier ou de qualité de vie des salariés. Nous avons une véritable carte à jouer. L’Aderly est aussi chargée de la promotion du Nouveau Rhône et de Saint- Étienne. Comment gérer la compétition interne au territoire ? On pense à Blédina, qui vient de déménager son siège social de Villefranche à Lyon, au grand dam des élus du Beaujolais… Je vais être clair : je n’ai jamais considéré le cas de Blédina comme un exemple de compétition interne au territoire. Je pense, au contraire, que tout le monde aurait dû se réjouir que l’entreprise reste dans le bassin d’emploi de la métropole lyonnaise, et ne parte pas à 500 kilomètres ! J’ai été très surpris des réactions négatives car c’est une chance que ce nouveau site, avec un potentiel d’extension intéressant, soit construit dans l’ouest lyonnais et pas ailleurs. Donc je dirais plutôt « ouf, Blédina n’est pas parti loin » . Comment vont se traduire, cette année, les restrictions budgétaires des deux principaux contributeurs de l’Aderly, la Métropole et la CCI de Lyon ? Le budget va être légèrement en baisse, autour de 4,3 millions d’euros contre 4,6 millions en 2016. Le fait que nos budgets sont relativement sauvegardés prouve que l’Aderly est considérée comme une organisation prioritaire par la CCI et la Métropole. Et je ne prêche pas pour les contraintes économiques – je ne me plaindrais pas d’avoir plus de ressources – mais cela pousse à la recherche d’efficacité. C’est quelque chose que j’ai bien connu par le passé, lorsque je travaillais dans le privé.