À table. Le Bistrot du potagerGerland : ils reviennent encore plus forts
Coeur des pleureuses à la
Martinière ( Lyon 1er) : le Bistrot du potager des halles, une cantine absolue pour beaucoup de gastronomes urbains, a plié plats et bagages. Certes, il y a des successeurs, mais ils ne font pas la même chose. Heureusement, comme les coins à champignons, ça repousse, pas toujours au même endroit, mais éventuellement de façon plus prolifique. De fait, le Bistrot du potager, sorte d’hybride entre restaurant et bar à tapas, dînette et gastronomie, côte de boeuf géante et petite assiette de bulots, constitue un des premiers Lyonnais centaure ( mi- homme mi- cheval), ou si vous préférez sirène ( mi- femme, mi- thon), à avoir cassé les codes du restaurant linéaire enchaînant apéritif « on est sur de l’argilo-calcaire » , entrée, « bonne continuation » , plat, « ça a été monsieur ? » , dessert, café et addition.
Phoenix. Là, on peut boire deux bouteilles en tête à tête en picorant quelques pinxos ( tapas basques) sans se sentir obligé de réellement passer à table. Exercice d’autant plus simple à réaliser que les assiettes, sont « dressées » ( le vocabulaire de la restauration rappelle parfois Médrano) pour bon nombre sur un grand bar en fer à cheval, face au barman, ou en aplomb de la cuisine ouverte. Mais en même temps, ce serait rater une carte que le cuisinier inspiré Florian Rémont a étendue en version marée haute. Les ini- tiés retrouveront les infaillibles croque- monsieur truffés et les couteaux gratinés… Le reste, un inventaire f luctuant, étonnant jaune d’oeuf fortement vinaigré, puis fi let de boeuf séché, crème de foie de morue ; fricassée de coeurs de canard, maïs… ou fricassée de ris d’agneau, champignons et épinards. Des petits moments de bonheur comestible, piqués d’herbes aromatiques, variées et habilement utilisées. On a dû s’arrêter, l’élasticité de l’enveloppe corporelle étant limitée. L’exercice n’est pas exactement donné, mais pas au- delà des tarifs d’une brasserie, avec ici un taux de satisfaction aussi élevé que le pourcentage de voix d’un président de république bananière. À propos de banane, notre voisine de table l’avait aussi avec sa formule déjeuner à 17 euros, généreuse et cuisinée au scalpel. Le bon plan de Gerland.