Critiques.
« Detroit » de Kathryn Bigelow - « L’Atelier » de Laurent Cantet - « Coexister » de Fabrice Eboué
Un conseil, si vous allez voir
Detroit, le dernier film de Kathryn Bigelow, n’oubliez pas de prendre un décontractant musculaire. Car le moins qu’on puisse dire, c’est que la miss Bigelow ne fait pas dans la dentelle. Avec cet opus divisé en trois actes, comme une tragédie classique, la réalisatrice livre un film immersif, caméra à l’épaule, en tension permanente. La première partie relate le début des émeutes de 1967 à Détroit, dans des quartiers où est entassée la population noire. Tournée comme un reportage, elle montre aussi bien l’injustice vécue par les Noirs, que l’épuisement et le racisme des policiers. On sent la tragédie poindre, et elle va exploser dans l’hôtel Algiers, où une bande de gamins occupés à faire la fête se retrouvent pris en otage par la police qui va les torturer toute une nuit durant. Le film nous entraîne dans des scènes d’une insoutenable violence, piégeant le spectateur en témoin impuissant, avant de terminer malheureusment par une dernière partie qui souffre d’un coup de mou. Si certains estiment que la réalisatrice n’apporte pas d’analyse sociétale, rappelons que Bigelow n’est pas sociologue, mais cinéaste, et son travail, elle le fait bien et avec des acteurs impeccables. Sur un sujet aussi délicat dans un pays qui n’a toujours pas réglé la question des violences raciales, Bigelow crée un film coup de poing taillé pour les prix, à commencer par les Oscars.