La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION @ fsapy

Bien sûr, c’est ce que l’on appelle un « marronnier » . À savoir, un dossier qui refleurit chaque année dans la presse locale ou nationale. Mais l’immobilier est un « marronnier » à part. Il est synonyme de ventes importante­s pour un journal, tout simplement parce que ce sujet est une préoccupat­ion majeure des lecteurs, surtout dans les grandes villes comme Lyon. Bon an mal an, le tiers du revenu des habitants de la métropole passe dans le logement. À ce tarif, on comprend que ce thème soit digne d’intérêt pour une part considérab­le de la population lyonnaise qui galère pour se loger.

Or, les prix s’emballent dans notre métropole. Et c’est un problème, même si tous les profession­nels de l’immobilier s’en félicitent. Certes, il faut se réjouir du fait que l’image de notre ville et de notre métropole s’améliore sans cesse. Mais il ne faudrait pas que la forte demande de logements à Lyon conduise progressiv­ement à rendre notre ville inaccessib­le aux classes moyennes. Songez un peu : depuis juin 2016, les prix de l’immobilier y ont de nouveau progressé de 5,1 %, pour s’établir à 3 624 euros par mètre carré.

Une famille comptant deux enfants et deux parents qui doit, selon les normes françaises, disposer d’un logement d’environ 70 mètres carrés, devra donc débourser en moyenne 253 680 euros pour acquérir ce bien. Soit une mensualité de 1 067 euros à payer pendant 25 ans ( pour un emprunt portant sur la totalité du bien)… Si l’on admet que la charge du logement doit représente­r environ un tiers des revenus du foyer, cela signifie 3 200 euros de revenus nets par mois pour ledit ménage. Or, le revenu médian d’un ménage à Lyon est de 1 992 euros. C. Q. F. D.

Le sournois travail d’exclusion est donc à l’oeuvre dans notre ville. Je ne parle même pas du centre- ville et de ses quartiers devenus inaccessib­les depuis bien longtemps, mais tout simplement de l’agglomérat­ion dans son ensemble. Conséquenc­e, les trajets vont s’allonger, la pollution va augmenter…

L’enfer étant pavé de bonnes intentions, je ne sais pas si la réforme de l’ISF va vraiment dans le bon sens : il est peut- être important, sur le plan du symbole, d’orienter l’argent des riches sur le capital dit « productif » . Mais si tous lesdits riches se mettent à ne plus investir dans des immeubles ou logements pour les louer ( il en manque 500 000 en France) cela va poser un problème majeur qu’il faudra bien compenser par ailleurs.

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