La comédie du Comoedia

C’est bien sûr un hasard si Marc Bonny, le directeur du cinéma Comoedia, a annoncé l’ouverture de trois nouvelles salles juste avant le Festival Lumière. C’est bien sûr aussi un hasard si le nouveau montage de Thierry Frémaux consacré aux films Lumière ( Lumière, l’aventure commence), n’a pas été projeté au Comoedia. Comme c’était déjà un hasard si Ma vie de Courgette, gros succès de l’animation française, distribué par Gebeka films, la société de Marc Bonny, n’est pas sorti à l’époque dans les cinémas Lumière. Bref, Marc Bonny et Thierry Frémaux sont les meilleurs ennemis du petit Landernau cinématographique lyonnais. Le premier avait déclaré la guerre en adressant une lettre aux tutelles politiques pour « concurrence déloyale » au moment du rachat des cinémas CNP par l’institut Lumière, accusant Thierry Frémaux de « mobiliser ses réseaux » . Diantre ! C’est sûr que des réseaux, Frémaux en a, surtout en étant délégué général du Festival de Cannes. Et alors, n’aurait- il pas le droit de s’en servir ? De là à imaginer qu’il ne s’agit que d’une jalousie personnelle, il n’y a qu’un pas… D’autant que Marc Bonny continue de crier haut et fort que s’il n’ouvre que trois « petites » salles de moins de 100 places, c’est la faute aux cinémas Lumière ! Il n’y a qu’un seul problème à sa détestation obstinée : malgré qu’il en dise pis que pendre, Bonny continue de travailler avec Frémaux et de participer au Festival Lumière, et ce, depuis des années. Pas folle, la guèpe… Comme quoi, la querelle ne doit pas être si grave que ça. Les meilleurs ennemis sont aussi des alliés objectifs, au moins pour faire bonne figure vis- àvis des tutelles politiques. Ça peut toujours servir. Alors il serait peut- être temps de sortir du bac à sable et d’assumer d’avoir des rapports enfin professionnels : c’est tout au bénéfice des Lyonnais d’avoir des cinémas indépendants de qualité aux quatre coins de la ville.