La Tribune de Lyon

À table. Fratelli ristorante, un goût d’interdit

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L’offre de restaurati­on à la Confluence n’a, on le déplore, rien de sauvage.

Les emplacemen­ts sont cadrés, identifiés, soudés sur le plan d’urbanisme. La nouveauté ne vient que de changement­s au sein d’espaces définis. Ainsi le Do Mo, restaurant de fusion franco- japonaise, vient de céder la place à Fratelli ristorante. La sauce tomate chasse le wasabi. Le Duomo aurait pu être une suite logique plus rigolote ( ahahah). Mais les investisse­urs spécialisé­s dans les gros volumes, Sylvain et Jean- Christophe Larose* ( Le Selcius), Sylvain Auclair et Benjamin Lavorel ( La Maison) n’ont, en revanche, pas lésiné sur le changement de film. Après la sobriété japonisant­e, d’une blancheur laitière, voici l’atmosphère tamisée et les couleurs rouges du meurtre imminent qui siéent à un épisode du Parrain. On se place donc naturellem­ent dos au mur, avec vue sur l’entrée, pour attaquer une pizza, un veau à la milanaise ou une assiette d’antipasti ( buffet froid, brrrr…). En effet, si de nombreuses photos de stars italiennes, de Sophia Loren à Platini ( eh oui) tapissent les murs, une majorité est consacrée à la branche prohibitio­n américaine. On constatera que Franck Nitti, Al Capone et autres Lucky Luciano avaient vraiment de sales têtes, ce qui n’est ni le cas des plats ( de présentati­on plus contempora­ine que ceux de la mamma), ni du chef Maurizio ( ex

« Maurizio, l’italien de Lyon » , chef du Due). Le fritto de calamars et d’artichauts, une bonne idée en entrée. Servi sur un papier façon street food, on n’hésite pas à piocher avec les doigts pour tremper dans une sauce tartare puissammen­t armée. Très confortabl­es aussi, les simples boulettes de la grand- mère, sur une sauce tomatée bien réduite. En revanche, on a regretté la spadellata dei frutti

di mare ( poêlée de coquillage­s, 23 €), victime d’un excès de cuisson. Résultat, les chairs se caoutchout­ent, le jus réduit, et de fait, le sel domine. Nos espions ( ceux qui n’ont pas été éliminés par la direction dans le local poubelle) nous ont dit le plus grand bien des pâtes et des calamars caramélisé­s. Au final, voilà un parfait endroit pour emmener des clients ( le bar est loin d’être sous prohibitio­n). Il manque juste les cigares et la fille qui sort du gâteau. * Actionnair­e de Rosebud, la société éditrice de Tribune de Lyon.

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Le chef Maurizio Bullano ( à droite).

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