Le patrimoine régional ou le zéro risque culturel

N e soyons pas trop mauvaise langue. Oui, la Région s’engage pour la culture. Mais pour un certain type de culture : le patrimoine. Alors qu’en « sauvant » le musée des Tissus, Laurent Wauquiez a souligné l’importance de ce « lieu de mémoire » , Florence Verney- Carron a rappelé lors de la présentation de son livre blanc de la culture ( voir p. 21) que la principale part du budget de la culture sur l’ensemble du mandat est consacrée au patrimoine, soit 100 millions sur 360 millions d’euros. Les vieilles pierres, les langues régionales, l’histoire de nos ancêtres les Gaulois… La Région nous fait passer un message. Le patrimoine, c’est la culture sûre, celle de ce bon vieux Français. La culture qui met tout le monde d’accord. Celle qui réunit toute la famille devant la télé pour Le village préféré des Français, celle qui fait de Stéphane Bern l’une de nos personnalités préférées. Bref, le patrimoine, c’est la culture qui nous rassemble à coup sûr. Aucun Lyonnais ne souhaitait la fermeture du musée des Tissus. De même, nous sommes tous fiers de notre basilique de Fourvière. Mais, outre le fait que restaurer le patrimoine coûte très cher ( d’autant plus que nous sommes dans une région riche en monuments), le mettre en avant est surtout une façon de ne pas prendre de risques, tout en conservant une position passéiste. À l’image d’un Laurent Wauquiez restant accroché à sa crèche de Noël, sous prétexte qu’elle « est une reconstitution de notre patrimoine régional » . Alors, si je ne peux que saluer qu’on veuille protéger notre patrimoine, ce dernier étant fondamental, il faut aussi rappeler que la culture n’est pas figée. Elle continue d’évoluer, parallèlement à l’histoire. En privilégiant trop le patrimoine, j’espère que la Région ne fera pas l’impasse sur la création, de peur de voir notre belle culture régionale se fossiliser.