Zola chez les zombies
Bienvenue au parc d’attrac
tions Zombillénium, peuplé d’authentiques monstres, sorcières et autres morts- vivants. Avec son atmosphère gothique, sa bande- son rock, son humour à la cool et sa gentille « rebelle attitude » , ce dessin animé français renoue, à sa façon, avec une tradition un peu perdue des films horrifiques pour enfants, typiques des années 1980, façon
Gremlins. Si les préados se donnent aujourd’hui plus de frissons sur les consoles de jeux qu’au cinéma,
Zombillénium pourrait bien les rapatrier dans les salles obscures, surtout en cette période d’Hal
loween. Certains hurleront au produit marketing qui lorgne sur les codes de la culture américaine, et donc mondiale. On est certes loin de la douceur pastel d’Ernest
et Célestine, et le film baigne clairement dans des références anglo- saxonnes, allant jusqu’à se moquer des vampires romantiques de Twilight. On retrouve pourtant la ligne claire bien de chez nous, celle des albums dont l’auteur signe ici lui- même l’adaptation. D’où cette animation par ordinateur avec un effet aplati, qui donne un sentiment étrange de BD en mouvement et qui lui confère une vraie signature esthétique. Sous ses airs de trip pour jeunes branchés, le film cache une sensibilité sociale assez osée, aux racines très françaises. Le récit qui prend place dans le Nord de la France, évoque la fin des mineurs et la difficile reconversion industrielle. Et quand les monstres déclassés entonnent en choeur Les
Corons de Pierre Bachelet, on est définitivement conquis ! A. L.