Un prix Lumière à moitié chinois
Pour la remise du prix Lumière au réal isateur chinois Wong Kar- wai, tout le monde se disait : « Non, Gérard Collomb est ministre de l’Intérieur, il ne sera pas encore là… » Raté ! Comme tous les week- ends depuis sa nomination et comme pour l’ouverture du festival, le ministre d’État, numéro deux du gouvernement, était encore de la partie. Celui qui se prend toujours pour le maire de la ville est arrivé avec son épouse, telle une rock star, aux côtés des artistes comme Emmanuelle Devos, Sami Bouajila ou Niels Arestrup… C’est dans ces instants qu’on n’aimerait vraiment pas être à la place de ses successeurs à la Ville et à la Métropole de Lyon. Pas forcément non plus à la place du classieux Wong Kar- wai : Diane Dufresne rendant hommage à Charles Aznavour, Camelia Jordana, Isabelle Adjani pour remettre le prix… « Fuck you » . Le cinéaste a pu se demander s’il ne s’était pas trompé de soirée. Son hommage à la « magie du cinéma » puis à sa femme, en revanche, était des plus émouvants : « Dans toutes les magnifiques femmes qui jouent dans mes films, il y a toujours eu des éclats d’elle. Je dédie ce prix Lumière à ma muse, Esther. » Il aura sans doute manqué à cette cérémonie très occidentale, une chanson chinoise ou quelqu’un pour représenter l’univers d’un des plus grands cinéastes chinois actuels. Même si le discours de Tavernier partant du « coeur » dans les films de Kar- wai était splendide, comme l’intervention punk à coups de « fuck you » de Christopher Doyle, chef op’ historique d’In the Mood for Love. Son montage, à partir de chutes de films de Kar- Wai sur la chanson Je veux qu’il revienne de sa « copine » Françoise Hardy – dont il meuglait les paroles en direct – nous a fait la soirée.