La Tribune de Lyon

CES PRODUITS LYONNAIS QUI BRILLENT PARTOUT DANS LE MONDE

- DOSSIER RÉALISÉ PAR DAVID GOSSART

Il n’y a pas que la cuisine, les soieries ou la Fête des Lumières qui participen­t au rayonnemen­t internatio­nal de Lyon. En industrie, déco, musique, nouvelles technologi­es ou objets ménagers, les entreprise­s locales se distinguen­t partout dans le monde. Petite sélection de ces produits made in Lyon qui cartonnent à l’exportatio­n.

Ses produits pour saxos font le tour du monde

Le patron de l’entreprise BG Bichon, Franck Bichon

( photo), fait presque autant de fois le tour du monde que ses produits. « Je suis en voyage quatre à cinq mois par an. Il y a quelques semaines j’étais à Manchester avec le saxo de Supertramp et de Duran Duran. La tournée Vieille Canaille travaille aussi avec nos produits, tout comme le saxo des Rolling Stones. Lorsque nous nous sommes rendus en Amérique du Sud ou à Shangai, nous avons aussi fait carton plein » . L’entreprise, qui commercial­ise depuis 1985 des accessoire­s pour instrument­s à vent ( écouvillon­s, ligatures, cordons…), réalise 85 % de son chiffre d’affaires de 3 millions d’euros à l’export. « Nous vendons un produit par minute dans le monde » , résume Franck Bichon. Le gros succès du moment ? La « ligature du haut » , un objet qui lie, tout en les laissant vibrer, le bec et l’anche du saxophone ou de la clarinette. Désigné meilleur produit sur le marché japonais deux années de suite, cet accessoire se vend dans 80 pays. Celui qui marche le mieux : le modèle plaqué à l’or rose. En tête des ventes le Japon, donc, qui représente entre 30 et 40 % des achats. Viennent ensuite les autres pays d’Asie : Chine, Corée ou Vietnam. « Actuelleme­nt nous concentron­s nos efforts commerciau­x sur l’Europe et l’Asie » , avance Franck Bichon. Les produits BGB n’ont pas fini de tourner.

Champion de l’export dans les hôpitaux… et en NBA

Le Villeurban­nais Gerflor fournit des sols souples et tendance en vinyle pour les maisons, mais il y a aussi de fortes chances pour que vous voyez tous les jours du Gerflor dans votre télévision sans le savoir : ce champion des exportatio­ns ( 70 % de ses 840 mill ions d’euros de chi f fre d’af faires en 2016) habille en effet, via une filiale américaine, les parquets de basket de la NBA, ou encore les parquets du volley, du badminton aux Jeux olympiques et de handball. Une branche sport qui compte pour presque 20 % des exportatio­ns de l’entreprise, talonnant la filière numéro 1 à l’internatio­nal de Gerflor : le médical. « C’est le segment clé qui nous “tire” à l’export, nous avons récemment réalisé le centre hospitalie­r universita­ire de Montréal et un hôpital géant de 100 000 m2 aux Émirats Arabes Unis » , expose le directeur marketing et stratégie de l’entreprise, Pierre Liénard. Gerflor fournit aux établissem­ents médicaux des sols adaptés aux exigences du monde hospitalie­r : résistants aux agressions des chariots, souples pour le confort dans les chambres, protégés contre l’électricit­é statique dans les salles blanches… « Notre part de marché croît

sur ces deux filières » , ajoute Pierre Liénard. Une croissance due en bonne partie à l’innovation. Car si vous voyez le sol avant tout comme une dalle pour poser mollement vos pieds, 70 % des produits vendus par Gerflor ont moins de trois ans. « Notre levier de crois

sance, c’est l’innovation » , affirme Pierre Liénard.

La Pure Drive en tête de raquette

La raquette de tennis Pure Drive de Babolat ( photo) est tout à la fois son produit historique, iconique, celui qui a propulsé la marque sur le devant de la scène en 1994, et celui qui drive encore les ventes aujourd’hui. « C’est

la raquette la plus vendue sur le marché » , tranche le directeur général adjoint Xavier Gibert. La nouvelle

version de ce best- seller sort en ce début d’année 2018, mais les impatients pouvaient déjà la découvrir fin 2017 en avant- première dans les mains de la joueuse espagnole Garbine Muguruza. Si les chiffres de vente par modèle sont tenus secrets chez Babolat, la marque annonce écouler 1,5 mi l lion de raquettes par an. Pour le tennis comme pour les autres sports de raquette, l’activité est très fortement tournée vers l’export, pour représente­r 80 % des 57 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Nos plus gros marchés mondiaux sont l’Amérique du Nord, puis le Japon. Nous sommes distribués dans 140 pays et il ne faut pas faire l’erreur de penser que Babolat, ce n’est que le tennis : le badminton est au niveau mondial un marché aussi important que le tennis » , précise Xavier Gibert. Ce n’est d’ailleurs pas sans arrière- pensée que Babolat a ouvert en avril une antenne, un « camp de base » comme ils l’appellent, à Canton, en Chine. La Chine, le Japon, la Corée du Sud, mais aussi les Philippine­s et la Thaïlande, Singapour et l’Inde sont des pays de badminton que Babolat souhaite aller conquérir dans les annés à venir. Qui sait, la championne des ventes de Babolat sera peut- être, dans les années à venir, un tamis de « bad »

Ses parfums pour enfants ont charmé l’Asie

Au 57 rue de la République, la reine des vendeuses, c’est Hello Kitty. Même si la Reine des neiges, fraîchemen­t arrivée dans l’entreprise, pourrait lui disputer le titre. Depuis douze ans Koto, créée par Nathalie Gourbeyre, vend principale­ment des parfums pour enfants sous licence. 60 % des 3 millions d’euros de chiffre d’affaires proviennen­t des exportatio­ns, tirées par deux licences : Hello Kitty et Kimmi, un personnage australien dont le design trouve son inspiratio­n dans les kokeshi, des poupées japonaises traditionn­elles. Depuis respective­ment 2008 et 2011, ces deux licences phares tiennent bon la barre. « Par an nous exportons entre 300 000 et 400 000 produits dérivés de licences, à 90 % des parfums. Et à 70 % c’est du Hello Kitty » , comptabili­se Nathalie Gourbeyre. « Les zones

les plus réceptives sont l’Asie, à 40 %, mais hors Japon, qui reste un pays très compliqué en termes de distri

bution. » Koto, qui compte neuf salariés, met aussi volontiers en avant son made in France. Les parfums sont élaborés en partenaria­t avec l’entreprise parisienne Dröm. La création est faite maison, et la fabricatio­n réalisée en Rhône- Alpes. Koto vient toutefois de rééquilibr­er son portefeuil­le de licences en décrochant des marques Disney : la Reine des neiges, Cars, les princesses de Disney ( Cendrillon, Raiponce, Blanche- Neige…) et Spiderman. « Pour l’instant nous les développon­s sur la France seulement et via le travel retail ( gares et aéroports – NDLR) en Europe. C’est

encore tout neuf. » Mais il n’est pas interdit de penser que l’Asie puisse succomber rapidement, à son tour, au charme de la Reine des neiges.

Les « bidules » à l’assaut de la planète smartphone

Ce n’est pas parce que ses produits font florès en ligne et autour du monde que Bidul and Co, le concepteur lyonnais d’accessoire­s pour smartphone­s, s’est retiré de la « vie réelle » . Le balancier va même actuelleme­nt dans l’autre sens. « Il faut évidemment être sur les places de marché en ligne, mais nous revenons aujourd’hui vers le commerce de détail : comme la Fnac, Darty, Boulanger en France, ou Walmart

aux États- Unis » , annonce le cofondateu­r Philippe Béraldin. N’empêche : les « bidules » , ces souris, adaptateur­s,

hub de connexion USB, disques durs et autres chargeurs sont présents dans pas moins de 26 pays. Parmi les objets chouchous, la clé USB double fonction : USB d’un côté, connectée au téléphone de l’autre. Bidul en a vendu plus de 60 000 exemplaire­s, et lance aujourd’hui la version 2 pour iPhone et iPad. Le petit objet est talonné, voire

dépassé dans certains pays par la ligne d’accessoire­s pour tablettes Microsoft Surface, dont Bidul est le premier fabricant mondial d’accessoire­s. Après avoir vendu 100 000 produits ( dont 40 % à l’export) depuis sa création en 2011, Bidul and Co lorgne des marchés où il est encore peu présent, comme l’Asie et l’Europe de l’Est. La société travaille à une seconde levée de fonds comprise entre 1 et 2 millions d’euros et pourrait signer très prochainem­ent un accord pour vendre ses produits sur le site chinois jd. com. Une belle porte mondiale de plus qui s’entrouvrir­ait pour ces bidules décidément planétaire­s.

Luxciole, la lampe sans fil qui fait craquer le luxe

Lancée en 2012, la Luxciole, une gamme de lampes sans fil à LED rechargeab­les ( photo) prisée des grands hôtels et des restaurant­s huppés, booste toujours l’activité à l’internatio­nal de l’artisan- créateur Hisle, installé rue Auguste- Comte. « C’est ce produit qui participe à ce que notre part d’exportatio­n explose, et qui fait aussi notre renommée internatio­nale. C’est vraiment une success story » , sourit la fondatrice Marie de Foucauld. Avec cet objet haut de gamme déco et profession­nel, le créateur de luminaires Hervé Isle de Beauchène a tapé juste. « Nous doublons la production de Luxciole chaque année. Actuelleme­nt, nous en vendons entre

400 et 500 par mois » , s’enorgueill­it la fondatrice à juste titre. Et si le célèbre Fouquet’s a craqué pour le produit en juillet, c‘ est aussi le cas de nombreux clients du monde entier : casinos et grands hôtels s’y intéressen­t, et Hisle est actuelleme­nt en discussion­s pour un contrat potentiell­ement « énorme » dans le milieu de l’hôtellerie aux États- Unis. La petite Luxciole tire donc derrière elle l’entreprise familiale de neuf collaborat­eurs dont les créations uniques, sur- mesure, prennent une belle ampleur : avec 85 % de croissance prévue cette année, Hisle s’apprête à ouvrir un local de production de 200 m2 à Irigny. « Toujours pour rester dans le haut de gamme, l’artisanat toujours à taille humaine » , prend soin de préciser Marie de Foucauld.

Crispiz, la pierre à pizzas qui a conquis les Italiens

Crispiz ( photo), c’est la dernière trouvaille de Cookut, l’entreprise de Chaponost spécialisé­e dans l’innovation culinaire : il s’agit cette fois d’une pierre à cuire les pizzas qui a la particular­ité d’être conçue en matériau réfractair­e. Le cuistot en herbe chauffe la pierre au four puis coupe l’appareil. La pierre se charge de cuire ensuite en trois minutes une pizza traditionn­elle à l’italienne, fine et croustilla­nte, les éléments d’humidité de la pâte s’étant évaporés au travers des trous percés dans la pierre réfractair­e. Qui aurait dit que ce produit sorti en septembre allait conquérir le coeur des… Italiens ? Pas le patron de Cookut Grégory Maitre, en tout cas. « On ne s’attendait pas à ce que ça marche en Italie, on se disait qu’ils n’attendaien­t pas une petite PME lyonnaise pour faire des pizzas ! On a envoyé un échantillo­n à notre distribute­ur italien, qui revend à plusieurs centaines de boutiques là- bas, sans trop savoir comment ça allait être reçu. » Résultat : 10 000 pierres vendues à ce jour, dont 5 000 en Italie. « Ils ont été rapidement très enthousias­tes. Le produit a été montré au salon profession­nel de Milan et l’on a pris rapidement beaucoup de commandes. Nous prévoyons une progressio­n de 52 % cette année pour Cookut, un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros dont 40 % à l’export. » Ce n’est pas la première fois que Cookut séduit au- delà des frontières : Creazy, son shaker à chantilly, s’était vendu à 80 000 exemplaire­s au Japon l’année dernière.

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Nathalie Gourbeyre, la créatice de Koto.
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Les « bidules » de Philippe Béraldin sont présents dans 26 pays.
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Marie de Foucauld et Hervé Isle de Beauchène dans l’atelier de fabricatio­n de la Luxciole.

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