La Tribune de Lyon

La fabuleuse histoire de Paul Bocuse

Malheureus­ement les carottes sont cuites. Paul Bocuse est décédé le 20 janvier à l’aube de ses 92 ans à Collonges, dans la chambre où il est né. Sa vie a marqué la seconde moitié du XXe siècle, accompagna­nt les changement­s de société et les évolutions de

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Le jeune Paul Bocuse n’est pas spécialeme­nt un cancre, disons plutôt que l’école n’est pas faite pour lui. Il préfère consacrer la plus belle partie de son temps à la chasse ou à la pêche. Ce qui ne l’empêchera pas, selon son expression, d’avoir ses deux bacs : « Celui d’eau chaude et celui

d’eau froide » . Dès l’âge de seize ans, Paul Bocuse débute en tant que commis chez Claude Maret au Restaurant de la Soierie à Lyon où il apprend, entre autres, à faire le marché, à tuer le veau et le cochon. Nous sommes alors en 1942. Faire le marché, c’était aussi faire le marché noir. Mais cette situation ne dure pas, Paul Bocuse reçoit une convocatio­n pour aller travailler en Allemagne. Ses parents sont obligés de le cacher à Saint- Andréde- Corcy où il laboure et élève des volai l les. Après le débarqueme­nt allié, il s’engage dans la 1re division Française libre au batai llon du Tchad BM24. Mitraillé en Alsace, il est soigné dans un hôpital de campagne de l’armée américaine où il subit plusieurs transfusio­ns. Voi là pourquoi Paul Bocuse a souvent justifié son at lantisme – n’oublions pas qu’il a aussi un restaurant en Floride chez Mickey et une passion pour les Jeep Willis et les vieilles Harley – par la formule : « Depuis la guerre, j’ai du plomb dans l’aile et du sang amé

ricain dans les veines. » Après la Libération, Paul Bocuse faillit mal tourner, faisant la fête et vivant de marché noir. Mais à cette époque, la Mère Brazier,

DOSSIER RÉALISÉ PAR FRANÇOIS MAILHES

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