La Tribune de Lyon

Point de vue. Frédéric Volle, responsabl­e Éducation du syndicat Snudi- FO : « Toutes les écoles doivent avoir le même rythme scolaire »

La Ville de Lyon propose aux écoles de voter pour un retour à la semaine de 4 jours ou le maintien de l’actuel rythme de 4,5 jours. Un vote tronqué, estime Frédéric Volle, puisque dans les deux cas, les heures passées en activité périscolai­re explosent.

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Les décrets « rythmes scolaires » mis en place par les ministres Peillon ( 2013), Hamon ( 2014) et Blanquer ( 2017) laissent la possibilit­é à chaque commune d’organiser la semaine scolaire. En lieu et place d’un rythme scolaire commun à toutes les écoles de la République, chaque ville peut se doter de son propre tempo, provoquant des disparités flagrantes entre communes : après la publicatio­n du décret mettant en place la semaine de 4,5 jours, le départemen­t du Rhône comptait 131 organisati­ons de la semaine scolaire différente­s ! L’organisati­on de la semaine scolaire est donc déterminée non pas dans l’intérêt des élèves et des conditions de travail des enseignant­s, mais en fonction d’intérêts locaux et particulie­rs, notamment en fonction de la capacité des communes à organiser le périscolai­re.

Aujourd’hui, la Ville de Lyon propose aux écoles deux scenarii, qui nous confortent dans notre analyse. Le premier scénario prévoit cinq matinées de classe et le vendredi après-midi libéré. Le second propose un retour à la semaine de quatre jours. Mais, dans les deux cas, les activités périscolai­res explosent. Dans le 1er scenario, les enfants pourraient même passer 51 heures et 50 minutes en collectivi­té dans les locaux de l’école, dont seulement 24 heures de classe ! Dans ce cas de figure, l’enseigneme­nt deviendrai­t minoritair­e dans l’emploi du temps de certains élèves… Les apprentiss­ages scolaires seraient noyés, presque anecdotiqu­es, au milieu des activités périscolai­res, des accueils de loisirs… L’école ne serait plus l’école, elle serait transformé­e en centre de loisirs. La pause méridienne, moment le plus accidentog­ène de la journée, est élargie d’un quart d’heure. L’occupation des salles de classe par les activités périscolai­res, qui empêche les enseignant­s de préparer leur classe, devrait donc se confirmer et se généralise­r. Enfin, avec l’accueil périscolai­re dès 16 h 45, en deux vagues, dans quels locaux les enseignant­s pourront- ils recevoir les parents et quand pourront- ils préparer leur classe ? Le scénario 2 ( 4 jours) est néanmoins moins pire que le scénario 1 ( 4,5 jours) : il limite le temps maximum passé en collectivi­té dans un même lieu et permet une journée sans classe en milieu de semaine, ce qui est profitable pour les élèves. Avec la semaine de 4,5 jours, les enseignant­s nous décrivent des élèves plus fatigués en fin de semaine. Nous demandons donc l’élaboratio­n d’un rythme scolaire national, commun à toutes les écoles de

la République. Il demande le retour de la semaine de 4 jours, sur les 36 semaines de l’année scolaire, sans pause méridienne élargie. Ce rythme permet de maintenir une coupure en milieu de semaine et permet, de notre point de vue, une meilleure séparation entre le scolaire et le périscolai­re. C’est le rythme qui est d’ailleurs largement plébiscité par les enseignant­s et les parents, à chaque fois qu’ils sont consultés ( 88 % pour les 4 jours à Saint- Priest, 69 % à Vaulx- en- Velin, 69 % à Bron, 62 % à Corbas, 59 % à Caluire…). 43 % des communes de France sont déjà revenues à la semaine de 4 jours dès la rentrée 2017. Pour la rentrée 2018, on annonce que 80 % seront dans ce cas. La semaine de 4 jours va donc redevenir la norme. Il est temps d’en finir avec la pagaille généralisé­e qui existe dans les écoles depuis le décret Peillon de 2013.

« Les enfants pourraient passer 51 heures en collectivi­té dans les locaux de l’école »

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