La Tribune de Lyon

Woody Allen s’enkyste

- L. H.

Woody Allen retourne dans le Coney Island de sa jeunesse dans les années 1950 pour un drame en technicolo­r ( numérique). Il assume totalement le chromo avec image irisée, comme l’artificial­ité des intérieurs reconstitu­és en studio, dans lesquels se déroule l’essentiel du film. Mais on ne croit pas un instant au blues de cette ex- actrice devenue serveuse dans un bar de fête foraine. Et Kate Winslet, sublime dans le rôle principal, n’y est absolument pour rien. N’en déplaise aux pères- la- morale, ce n’est pas non plus cette histoire de triangle amoureux avec un homme qui part avec la belle- fille plus jeune ( comme Woody dans la vraie vie) qui pose problème : jusqu’à nouvel ordre, Woody Allen a été totalement innocenté de ce qui ne sont, pour le moment, que des ragots. Le problème est malheureus­ement plus grave : c’est l’écriture et la mise en scène qui ne fonctionne­nt jamais ici. Woody n’a jamais été doué pour filmer les états d’âme des prolos. Pas étonnant qu’il ait besoin des décors d’une fête foraine de carte postale pour camoufler l’absence totale d’émotion qui émane des personnage­s. La faute à une direction d’acteurs dépourvue de fièvre, condamnant à l’ennui cet exercice de style de théâtre filmé. Le comble est atteint avec le miscasting de Justin Timberlake, totalement ridicule aussi bien en amant qu’en écrivain tchekhovie­n, tuant dans l’oeuf cette resucée des thèmes névrotique­s de Woody ( la jalousie, la dépression, les affres de la création). Espérons que le prochain Allen, déjà fini de tourner ( A Rainy day in New York avec Jude Law, Ella Fanning et Timothée Chalamet, le garçon de Call me by

your name), nous réconcilie rapidement avec lui.

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 ??  ?? Wonder Wheel, de Woody Allen ( EU, 1h41) avec Kate Winslet, Justin Timberlake, Juno Temple, Jim Belushi…
Wonder Wheel, de Woody Allen ( EU, 1h41) avec Kate Winslet, Justin Timberlake, Juno Temple, Jim Belushi…

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