La Tribune de Lyon

Jean- Marc Roff at, président de l’associatio­n Donner la main don de soi : zéro sans- abri à Lyon, mission impossible ?

JEAN- MARC ROFFAT, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATIO­N DONNER LA MAIN DON DE SOI

-

Malgré les promesses d’Emmanuel Macron et l’ouverture de places supplément­aires en centres d’hébergemen­t, de trop nombreuses personnes dorment encore dans la rue. Des solutions rapides, concrètes et simples à mettre en place existent pourtant, affirme Jean- Marc Roffat.

Cela fait six hivers que je sillonne les rues le jour et la nuit avec mes équipes bénévoles et le constat reste le même : malgré toutes les mesures prises par l’État, malgré la multiplica­tion des places d’accueil, il reste sur le trottoir lyonnais les plus démunis, les plus vulnérable­s, ceux qui ont tout perdu… Ce jeudi soir 8 février, j’ai alerté le 115 en découvrant une jeune femme livrée à elle- même, écroulée devant une boutique rue de la République. Pas de solution, il a fallu appeler les pompiers puis la police pour essayer de lui prêter secours… Et mon amie Caroline que nous soutenons depuis novembre en lançant des appels au secours pour lui trouver un logement ! Elle dort à la rue en plein centre. Pire, elle vient de se faire agresser par des jeunes mineurs qui ont mis le feu à son sac de couchage pendant qu’elle dormait. Voilà un aperçu de ce qui se passe sous nos fenêtres pendant que nous dormons et que nous fermons les yeux… Heureuseme­nt, les appels au secours de notre associatio­n sur les réseaux sociaux et dans les médias sont entendus. Ceux qui ouvrent leur coeur, ce sont toujours les mêmes, à savoir les particulie­rs. Nous avons ainsi pu sor t ir du pavé not re ami Jean- Claude ( 62 ans) à la rue depuis 17 ans, ou encore Patrick que nous avons logé en famille d’accueil après 22 ans d’errance dans les rues. I ls sont la preuve vivante que les mesures prises hier et aujourd’hui sont insuffisan­tes. Nous réclamons que ces familles puissent bénéficier d’un geste de l’État par une réduction d’impôt ou un chèque solidarité si elles n’en paient pas.

Pour les sauver, il faut tout ouvrir ! Depuis l’épisode de grand froid de janvier 2017 nous avons lancé un appel national, invitant à ouvrir les bâtiments publics, les stations de métro ( celle d’Ampère – Victor Hugo à Lyon), les annexes de lieux de culte, les entreprise­s ( avec une exonératio­n de charges pour ces dernières) et nos portes de particulie­rs… Le président Hollande nous avait encouragés et permis de rencontrer en février 2017 le préfet Xavier Inglebert sans le moindre résultat… Nous avons contacté Monseigneu­r Barbarin, le recteur de la Grande mosquée de Lyon ( l’hiver dernier nous avions hébergé en familles d’accueil deux mamans avec bébé et enfants, suite à un appel de détresse de la Grande mosquée et de la SNCF) sans succès non plus.

La solution : notre propositio­n de loi sans- abri. Présentée aux présidents Hollande et Macron, à la Commission européenne en juillet 2017, à l’Assemblée nationale ( auprès de la députée LREM Stéphanie Do), à Messieurs Collomb, Wauquiez ( Région) et Guilloteau ( Départemen­t), à l’associatio­n des maires de France, notre loi peut sortir nos ami( e) s à la rue des ghettos de misère que l’État entretient dans les grandes villes. Notre idée est de porter des familles avec enfants à la rue en milieu rural, pour sauver la fermeture d’écoles à la campagne. Sur un contrat de deux ans avec une aide de l’État, le maire voulant sauver son école ou la rouvrir, candidate pour recevoir une à trois familles maximum en leur proposant un logement adapté, avec un loyer de 1 euro par mois pour que la famille se reconstitu­e un capital grâce à un petit job municipal. C’est aussi le moyen pour un agriculteu­r partant à la retraite de sauver son exploitati­on en recevant une famille et en la formant aux métiers de la terre et de l’élevage. Il faut créer un exode urbain pour repeupler nos campagnes et donner une vraie chance à nos sans- abri de s’en sortir…

« Nous avons lancé un appel invitant à ouvrir les bâtiments publics, les stations de métro, les annexes de lieux de culte et les entreprise­s. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France