La Tribune de Lyon

Pascal Blache, maire du 6e : « Si je dis aujourd’hui que je suis candidat, je suis cramé »

Sauf énorme rebondisse­ment, Pascal Blache devrait être candidat aux municipale­s de 2020 à Lyon. Mais si le maire du 6e préfère rester ( un peu) prudent quant à l’annonce officielle de sa candidatur­e, il est en fait en campagne depuis déjà plusieurs mois.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE COMTE

Tout le monde est persuadé que vous serez candidat en 2020. Vous confirmez ?

PASCAL BLACHE : Nous n’en sommes pas là. Vous comprenez bien que si je dis aujourd’hui que je suis candidat, je suis cramé. Je commence à bien connaître la politique lyonnaise et je peux vous dire que si je sors du bois maintenant, il y aura toujours les vieux réflexes d’élus qui vont dire « Il faut

le tuer » . Exactement comme Robert Bourgi avec François Fillon. C’est la série Baron Noir, mais en vrai ( rires). Après, ce n’est pas uniquement pour des questions de tactique politique que je souhaite ne pas me positionne­r trop tôt. C’est aussi tout simplement parce que nous ne sommes pas encore prêts. Actuelleme­nt et ça, je peux vous le confirmer, on s’organise avec mon associatio­n Nouveau Cap Lyon- Métropole dans l’idée de peser quoiqu’il arrive sur le débat politique en 2020.

Mais avec ce micro- parti, vous êtes en train de vous créer une base arrière pour la suite, non ?

Oui, Nouveau Cap Lyon- Métropole sert à rassembler des idées, des moyens financiers et à trouver des locaux, par exemple. Mais j’ai lancé ce microparti en 2016, car, venant du monde de la société civile, je sentais qu’on pouvait faire avancer des sujets par ce biais- là. Je voulais que ça bouge et qu’on sorte enfin du vieux monde où chacun avait pris l’habitude de son pré carré sans jamais en bouger. Je me suis dit : si on ne monte pas une organisati­on pour que chaque spécialist­e dans son domaine puisse s’exprimer librement sans prise de position politique, on ne va pas y arriver. Du coup, j’ai créé cette associatio­n. Au début, ça n’a pas été facile, à cause des jalousies des uns et des autres, mais comme je connais du monde – et pas uniquement sous le prisme de la politique –, beaucoup nous ont rapidement rejoints. Après, même si j’en suis le moteur, rien n’est encore décidé. Si ça se trouve il y aura une autre personnali­té que moi qui se dégagera, et ce sera sa candidatur­e à elle qu’on soutiendra.

Combien de personnes vous suivent aujourd’hui avec Nouveau Cap Lyon- Métropole ?

Environ 200. Quand nous avons commencé, nous n’étions que 20. Ce sont des gens de la culture, des chefs d’entreprise, de jeunes retraités, des pointures du sport… J’ai aussi des contribute­urs qui ne sont pas à Lyon. J’ai des relais dans toute la France, par exemple une personne qui travaille pour l’associatio­n sur le Grand Paris et sur la question des transports notamment. J’ai des relais un peu partout avec mon réseau de chefs d’entreprise et grâce à ma boîte de cosmétique­s ( que j’ai vendue au groupe lyonnais Maïa). Cette vente m’a permis de développer de précieux contacts. Mais vous savez, au départ, je ne me voyais pas candidat à quoique ce soit. J’ai créé l’associatio­n et ce sont les autres qui m’ont nourri de cette envie de préparer quelque chose pour être en situation pour 2020.

Vous voulez parler de qui ?

Mon entourage, mes réseaux… Je n’avais pas d’ambition personnell­e à faire de la politique. Je suis arrivé en politique un peu par hasard, par l’intermédia­ire de Michel Havard en 2014, et comme je voulais donner un peu de temps aux autres, je me suis pris au jeu. Maintenant, on essaie de construire les choses pour savoir si on est en capacité de se présenter. Et si les conditions sont réunies avec un timing, une équipe… Et qu’on sent que ça prend, on avisera.

Vous ne faites pas tout ça pour rien quand même ?

Vous savez parfois, dans le monde de l’entreprise – que je connais bien –, on se rend compte que tout ce qu’on a mis en place, les financemen­ts et les idées, eh bien, finalement, ça ne fonctionne pas et on perd tout. En politique et avec l’associatio­n, c’est pareil : je ne le fais pas pour rien, mais je ne sais pas si ça va marcher. Ce qui est certain, c’est qu’on fait tout pour que ça marche et qu’on propose aux Lyonnais un programme à la hauteur du monde qui est en train de changer. Je ne pense pas qu’on puisse dire à des gens qui ont gouverné pendant 18 ans la même ville de se remettre en cause sur tout ce qu’ils ont construit pour faire demain. Humainemen­t, c’est tellement violent.

Vous faites référence à Gérard Collomb ?

Gérard Collomb aura été un bon maire. Il aura globalemen­t bien porté son territoire, avec notamment la création de la Métropole. Pour 2020, soit il décide de vouloir garder la main, mais franchemen­t ça ne sera pas bénéfique, soit on met en place cette vision que je porte à travers mon associatio­n.

Vous lancez un appel à Gérard Collomb pour 2020, en fait ?

Je ne lance d’appel à personne. Si Gérard Collomb ne change rien, tant pis pour les Lyonnais. S’il décide de prendre en compte que le monde est en train de changer, je ne pense pas que ce sera avec moi qu’il le fera.

Je vous pose cette question parce qu’on entend dire que vous êtes « macroncomp­atible » et qu’un deal avec Collomb est envisageab­le. En gros, vous auriez la Mairie de Lyon et lui la Métropole. Intéressan­t, non ?

Attendez, moi je ne veux surtout pas faire comme eux des deals politiques que les électeurs ne supportent plus. On entend dire qu’ils sont déjà en train de s’organiser, avec son épouse Caroline, qui pourrait se présenter à la Ville. Je suis très étonné, j’avais compris qu’avec En Marche, on remettait tout à plat… En fait, c’est tout l’inverse. J’ai l’impression qu’ils sont en train de se mettre dans une position où ils vont finir comme un parti traditionn­el, mais encore pire que les autres. Chez En Marche, ils pensent que, comme ils ont tout gagné, ils peuvent continuer à faire leur cuisine interne comme si de rien n’était…

Votre candidatur­e sera portée par Les Républicai­ns, alors ?

Mon idée c’est de dire : on ne peut pas être qu’En Marche ou que chez Les Républicai­ns. Il faut qu’on soit Lyon et Métropole. D’ailleurs, c’est Collomb qui a créé ce modèle lyonnais. Eh bien, défendons- le ce modèle. Mais le problème de Gérard Collomb, c’est qu’il a eu à gérer une période qui n’a rien à voir avec celle qui arrive. C’est pour cela qu’avec les gens qui m’entourent, nous sommes actuelleme­nt dans une phase de production pour préparer les 20 ou 30 années qui viennent. On est en train de travailler à produire l’avenir de nos territoire­s. Et pour cela, pas besoin de demander à un grand spécialist­e de la question que nous enverraien­t Les Républicai­ns. Qu’il reste à Paris… Parce que même si je ne souhaite pas diviser ma famille politique, je suis conscient que je ne pourrai pas gagner qu’avec mon camp…

Vous comptez peu sur les partis politiques, vous misez sur la société civile, alors ?

Oui, je ne devrais pas le dire, mais j’ai déjà mes têtes de liste dans les arrondisse­ments. Ce sont des élus de chez Les Républicai­ns qui sont reconnus pour leur attachemen­t à leur territoire, et 50 % de personnali­tés issues de la société civile.

« Je ne devrais pas le dire, mais j’ai déjà mes têtes de liste dans les arrondisse­ments. »

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