La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

- FRANÇOIS SAPY, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

Àlire l’interview de Pascal Blache réalisée par notre journalist­e Antoine Comte, le maire du 6e arrondisse­ment – issu des rangs LR, mais tout à fait macron- compatible –, on se dit que l’histoire bégaye. Souvenez- vous, c’était en 2001 :

Raymond Barre, situé politiquem­ent au centre- droit, avait alors fait la courte échelle à Gérard Collomb, qui s’affichait alors au centre- gauche ( à l’époque, il y avait encore un Parti socialiste). Résultat : Gérard Collomb avait gagné, contre toute attente, les élections municipale­s de Lyon, profitant largement des divisions de la droite, déchirée entre le sulfureux Charles Millon et le dodelinant Michel Mercier. En 2020, si j’ai bien lu ce que nous révèle Pascal Blache,

c’est exactement l’inverse qui pourrait se produire. Pourquoi ne pas imaginer un Collomb qui favorisera­it Pascal Blache en guise de cadeau d’adieu à son propre camp ? C’est bien sûr de la politique- fiction ! Quoi que… On sait que Gérard Collomb pourrait briguer un ultime mandat à la présidence de la Métropole de Lyon à partir de 2020, se faisant ainsi élire au suffrage universel à la tête de l’une des collectivi­tés les plus puissantes de France. Sauf qu’au- delà des urnes, cette élection est soumise à la réussite d’un petit jeu complexe de chaises musicales. Elle implique que Georges Képénékian laisse docilement sa place

de maire de Lyon au dauphin David Kimelfeld. Et que ledit Kimelfeld accepte sans broncher de laisser son fauteuil de président de la Métropole – et tous les pouvoirs qui y sont rattachés – au héros Collomb, de retour de Beauvau. Tout ça pour siéger comme maire de Lyon, ce qui est certes un poste prestigieu­x, mais plus honorifiqu­e qu’autre chose pour David Kimelfeld, qui a goûté au vrai pouvoir de la Métropole. Autant dire que ça pourrait grincer

sous les ors des palais ( municipaux). Et tout ce beau plan pourrait vite se retrouver par terre. Je serais Gérard Collomb, je m’assurerais donc d’avoir un bon joker dans la manche à la Ville de Lyon, au cas où Kimelfeld et Képénékian décident tout soudain de changer d’avis et de s’accrocher à leur fauteuil respectif. Et là, qui vois- je à l’horizon ?

L’ami Blache, qui pourrait très bien jouer ce bon rôle de joker. Collomb pourrait très facilement s’appuyer sur lui en cas de vilaine félonie : Blache a beau être LR, il déteste Wauquiez et semble plus proche d’Édouard Philippe que de notre bouillant président de Région. Encore une fois, je ne suis pas notre ex- maire et futur président de la Métropole. Mais si d’aventure je l’étais, je ne ferais rien pour contrarier les ambitions de Blache. Au contraire, je l’encourager­ais même assez bruyamment et lui trouverais de bien belles qualités.

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