Dossier - Ces Lyonnais branchés qui font la tendance
Ils sont barmen, artistes, architectes, commerçants ou bien restaurateurs, et ce sont eux qui font le Lyon branché. Des créateurs de tendance qui, chacun à leur échelle font vivre la hype en créant de nouveaux lieux. Tribune de Lyon est allé à la rencontr
ARNAUD GROSSET Le geek des cocktails
En 12 ans, Arnaud Grosset a réussi le tour de force de monter cinq établissements de nuit sans jamais avoir eu à les revendre ou à en changer le concept. Ce qui est plutôt rare dans ce milieu où beaucoup n’hésitent pas à changer l’ADN de leurs bars au gré des modes. Aujourd’hui à la tête du Soda Bar, du Monkey Club, de la Maison Mère, du Bones and Bottles et de la Casa Jaguar, c’est un patron de 39 ans qui a su rester fidèle à sa ligne directrice : créer des lieux originaux, qui cassent les codes établis ou qui vont choquer ( en truffant le Monkey Club de bestioles empaillées par exemple), mais qui sont « tout sauf bling bling » . « Riche ou non, sympa ou non, on a toujours envie de servir le meilleur drink à nos clients » , explique ce grand gaillard souriant. Mais surtout, ce qui a fait son succès dès le début est qu’il fut le premier à faire découvrir l’art du cocktail aux Lyonnais, en dehors des bars d’hôtel. En effet, c’est suite à sa rencontre avec Fernando Castellon ( l’auteur du Larousse des cocktails
qui a contribué à l’anoblissement du métier de barman), qu’il fait
ses premières armes. « À l’époque, il n’y avait pas d’alternative pour sortir entre les bars étudiants ou les boîtes de nuit. Un lieu dans lequel on pouvait entrer sans être jugé sur son look et avec un service de qualité et une bonne programmation musicale » , explique- t- il.
Un temps d’avance C’est de ce constat que le Soda Bar est né, pour lequel Arnaud Grosset s’était associé à Marc Bonneton ( actuel
patron de L’Antiquaire, NDLR). Au bout de cinq ans d’activité, il a eu envie d’amener une nouvelle typologie de cocktails, remettre sur le devant de la scène les recettes classiques des années trente, dans un cadre atypique, et lance le Monkey Club. Un bar décoré à la façon d’un cabinet de curiosités dans lequel il amène une forme de théâtralité dans le cérémonial et le service. « On voulait faire voyager nos clients dans une autre époque, surfant sur la mode londonienne du chapisme ( mouvement britannique prônant le retour du chapeau melon, de la pipe, du tweed et de la moustache, NDLR), en apportant du fun. » Et là, c’est encore le carton plein. Deux ans plus tard, en 2013, l’entrepreneur qui est aussi musicien ( il joue de la basse et contrebasse) crée le lieu dont il rêvait : la Maison Mère. Un endroit pluridisciplinaire, mêlant son savoir- faire de barman, une salle de concerts et un club. Puis suivront le Bones and Bottles, bar à vin où l’on peut manger en mode chill dining ( décontracté), puis plus récemment la Casa Jaguar, bar et restaurant sur le thème de l’Amérique du Sud, en 2017. À chaque ouverture, ça marche. « On a de la chance, dès qu’on ouvre, il y a du monde. On fait le buzz pendant deux mois. » Il a aussi des idées à la pelle pour de futures ouvertures. « Je voudrais encore casser les codes et amener une dimension culturelle au projet » , explique l’entrepreneur, qui dit ne pas vouloir chercher la hype à tout prix. Peut- être, mais une chose est sûre : c’est bien la branchitude qui coule dans ses veines.
« On a de la chance, dès qu’on ouvre, il y a du monde. On fait le buzz pendant deux mois. »