Cyber sécurité : l’industrie du futur, l’angoisse d’aujourd’hui
Imaginez un hacker qui bloquerait l’informatique du Sytral, semant la pagaille dans les transports en commun lyonnais sans même avoir besoin d’un flocon de neige. Ou une entreprise d’aéronautique où la gestion des pièces mécaniques vitales des futurs avions est pilotée par robotique : « Si la sécurité internet était compromise, vous imaginez les enjeux ? » , laisse entrevoir Thierry Rouquet, le patron de Sentryo. Cette société lyonnaise de cyber sécurité industrielle a multiplié son chiffre d’affaires par trois cette année. Pas étonnant, dans la mesure où la sensibilité européenne ( et donc française) à ce type de risques s’éveille à peine. Or, à Lyon, depuis quelques semaines, on en parle beaucoup : la Métropole, via son agence Aderly, cible ce secteur comme une des trois filières dans laquelle « draguer » des entreprises étrangères. La collectivité a aussi appuyé la création, en juillet, d’un « cluster » spécialisé. Normal, quand on veut être le phare de l’ « industrie du futur » .
« L’industrie 4.0, ça excite tout le monde. Il y a des grands- messes, mais sur le terrain la maturité reste relativement faible » , rajoute Thierry Rouquet. Le président de la Métropole David Kimelfeld, reconnaît lui- même que « l’on est au démarrage. Un agent s’occupe de ce sujet, mais il en faudrait un par service. On réfléchit à la manière d’intégrer une clause "cyber sécurité" dans nos futurs appels d’offres » . Sur le Rhône, la filière pèse environ 700 emplois. Mais ça ne saurait rester ainsi. « Beaucoup d’acteurs arrivent et lèvent des fonds, c’est devenu un business. Des grands groupes créent une filiale alors qu’ils ne sont pas forcément au point
eux- mêmes » , glisse Hicham Ben Hassine, de la Lyonnaise Algo Secure. Laquelle étudie une manière d’auditer les objets connectés car, en l’absence d’un protocole standard, leur sécurité laisserait à désirer. Et la perspective d’un cambrioleur capable d’ouvrir vos volets motorisés en votre absence n’est guère enthousiasmante.