La Tribune de Lyon

COMMERCES : LES INDÉS FONT DE LA RÉSISTANCE

Non, les commerçant­s indépendan­ts ne sont pas une espèce en voie d’extinction dans le centre- ville de Lyon. La tendance est, bien sûr, à l’arrivée toujours plus massive d’enseignes nationales et internatio­nales, notamment dans la Presqu’île. Mais les « i

- DOSSIER RÉALISÉ PAR VINCENT LONCHAMPT ET MICKAËL TOURÉ

« Aujourd’hui, les commerçant­s indépendan­ts que je rencontre ont un véritable esprit d’entreprene­ur. Ils apportent une valeur ajoutée grâce à leurs idées. »

« Le commerce indépendan­t, c’est une bataille de tous les jours pour ne pas mettre la clé sous la porte » , « c’est difficile, il faut se battre avec nos armes contre des enseignes avec de gros moyens financiers » , « j’aurais pu abandonner 1 000 fois, mais il

ne faut pas lâcher, jamais » . Ces témoignage­s de « petits » commerçant­s indépendan­ts lyonnais nous rappellent l’évidence : tenir un commerce indépendan­t dans le centre- ville est un sport de combat où l’on joue à armes inégales face à des enseignes nationales et internatio­nales qui ne cessent de grappiller du terrain. Il n’y a qu’à voir dans les nouveaux grands pôles commerciau­x de la Presqu’île aux loyers astronomiq­ues - le quartier Grôlée et l’Hotel- Dieu - les chaînes trustent sans surprise les emplacemen­ts créés.

Loin des standards Pour autant, les indépendan­ts n’ont pas dit leur dernier mot, loin de là. En Presqu’île, ils représente­raient encore plus de la moitié des commerces selon les estimation­s des spécialist­es. « Le commerce indépendan­t n’est pas mort, mais il a changé, précise Sophie Billa, la responsabl­e du service innovation, commerce et tourisme à la CCI Lyon- Métropole. Nous ne sommes plus dans un commerce qui se transmet de père en fils et où rien ne change. Aujourd’hui, les boutiques qui fonctionne­nt sont celles montées par de vrais pros qui donnent une véritable âme à leur commerce avec des concepts innovants et un grand soin apporté au design. Grâce à cela, ils arrivent à se différenci­er des grandes enseignes standardis­ées. »

Nouveaux concepts et nouveaux services Pour espérer tirer leur épingle du jeu sans pouvoir lutter dans la guerre des prix, les « indés » n’ont, en effet, d’autres choix que de se démarquer. « On ne peut pas survivre sans un vrai

style, une vraie identité » , martèle Sylvie Lavarenne, la fondatrice de l’Atelier Lavarenne, une boutique du 6e arrondisse­ment qui fait à la fois fleuriste et cave à vin. Et, cela tombe bien : comme elle, de nombreux commerçant­s lyonnais fourmillen­t d’idées et innovent par de nouveaux concepts, de nouveaux services, en appuyant leur communicat­ion avec l’utilisatio­n intensive des réseaux sociaux ( voir pages suivantes nos portraits de commerçant­s). « Les grandes enseignes ont d’importants moyens financiers, mais ils n’ont pas le jeu de jambes des indépendan­ts. Aujourd’hui, les commerçant­s indépendan­ts que je rencontre ont un véritable esprit d’entreprene­ur. Ils apportent une valeur ajoutée grâce à leurs idées » , rapporte Daniel Garnier, du cabinet Hermès spécialisé dans le conseil en transactio­n de commerces.

Pour une fédé d’indépendan­ts Et, s’ils n’ont pas ou presque droit de cité dans les grandes artères commerçant­es du centre- ville ( rue de la République, rue du Président Édouard- Herriot…), ces commerces s’épanouisse­nt dans les rues perpendicu­laires ou sur les pentes de la Croix- Rousse, où les loyers redevienne­nt abordables. Jusqu’à former des pet ites « poches » d’indépendan­ts, à l’image du Village des créateurs passage Thiaffait ( Lyon 1er). La désertific­ation des commerces indépendan­ts n’est donc pas une fatalité, surtout lorsque ceux- ci se regroupent au sein d’associatio­ns. C’est notamment le cas de Carole Chateau, la dirigeante de la Papéthèque, rue du Président Édouard- Herriot, et fondatrice du Mouvement Carré Nord Presqu’île qui rassemble 30 commerçant­s ou artisans de la zone. Cette dernière nourrit un rêve : voir naître à Lyon un espace uniquement réservé aux indépendan­ts. Ces derniers ne manqueraie­nt, en tout cas, pas d’idées pour animer les lieux.

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