COMMERCES : LES INDÉS FONT DE LA RÉSISTANCE
Non, les commerçants indépendants ne sont pas une espèce en voie d’extinction dans le centre- ville de Lyon. La tendance est, bien sûr, à l’arrivée toujours plus massive d’enseignes nationales et internationales, notamment dans la Presqu’île. Mais les « i
« Aujourd’hui, les commerçants indépendants que je rencontre ont un véritable esprit d’entrepreneur. Ils apportent une valeur ajoutée grâce à leurs idées. »
« Le commerce indépendant, c’est une bataille de tous les jours pour ne pas mettre la clé sous la porte » , « c’est difficile, il faut se battre avec nos armes contre des enseignes avec de gros moyens financiers » , « j’aurais pu abandonner 1 000 fois, mais il
ne faut pas lâcher, jamais » . Ces témoignages de « petits » commerçants indépendants lyonnais nous rappellent l’évidence : tenir un commerce indépendant dans le centre- ville est un sport de combat où l’on joue à armes inégales face à des enseignes nationales et internationales qui ne cessent de grappiller du terrain. Il n’y a qu’à voir dans les nouveaux grands pôles commerciaux de la Presqu’île aux loyers astronomiques - le quartier Grôlée et l’Hotel- Dieu - les chaînes trustent sans surprise les emplacements créés.
Loin des standards Pour autant, les indépendants n’ont pas dit leur dernier mot, loin de là. En Presqu’île, ils représenteraient encore plus de la moitié des commerces selon les estimations des spécialistes. « Le commerce indépendant n’est pas mort, mais il a changé, précise Sophie Billa, la responsable du service innovation, commerce et tourisme à la CCI Lyon- Métropole. Nous ne sommes plus dans un commerce qui se transmet de père en fils et où rien ne change. Aujourd’hui, les boutiques qui fonctionnent sont celles montées par de vrais pros qui donnent une véritable âme à leur commerce avec des concepts innovants et un grand soin apporté au design. Grâce à cela, ils arrivent à se différencier des grandes enseignes standardisées. »
Nouveaux concepts et nouveaux services Pour espérer tirer leur épingle du jeu sans pouvoir lutter dans la guerre des prix, les « indés » n’ont, en effet, d’autres choix que de se démarquer. « On ne peut pas survivre sans un vrai
style, une vraie identité » , martèle Sylvie Lavarenne, la fondatrice de l’Atelier Lavarenne, une boutique du 6e arrondissement qui fait à la fois fleuriste et cave à vin. Et, cela tombe bien : comme elle, de nombreux commerçants lyonnais fourmillent d’idées et innovent par de nouveaux concepts, de nouveaux services, en appuyant leur communication avec l’utilisation intensive des réseaux sociaux ( voir pages suivantes nos portraits de commerçants). « Les grandes enseignes ont d’importants moyens financiers, mais ils n’ont pas le jeu de jambes des indépendants. Aujourd’hui, les commerçants indépendants que je rencontre ont un véritable esprit d’entrepreneur. Ils apportent une valeur ajoutée grâce à leurs idées » , rapporte Daniel Garnier, du cabinet Hermès spécialisé dans le conseil en transaction de commerces.
Pour une fédé d’indépendants Et, s’ils n’ont pas ou presque droit de cité dans les grandes artères commerçantes du centre- ville ( rue de la République, rue du Président Édouard- Herriot…), ces commerces s’épanouissent dans les rues perpendiculaires ou sur les pentes de la Croix- Rousse, où les loyers redeviennent abordables. Jusqu’à former des pet ites « poches » d’indépendants, à l’image du Village des créateurs passage Thiaffait ( Lyon 1er). La désertification des commerces indépendants n’est donc pas une fatalité, surtout lorsque ceux- ci se regroupent au sein d’associations. C’est notamment le cas de Carole Chateau, la dirigeante de la Papéthèque, rue du Président Édouard- Herriot, et fondatrice du Mouvement Carré Nord Presqu’île qui rassemble 30 commerçants ou artisans de la zone. Cette dernière nourrit un rêve : voir naître à Lyon un espace uniquement réservé aux indépendants. Ces derniers ne manqueraient, en tout cas, pas d’idées pour animer les lieux.