La Tribune de Lyon

Hommage à Corto Maltese et aux autres gentilshom­mes de fortune

-

ès l’entrée de l’exposition consacrée à Hugo Pratt au musée des Confluence­s, la magie opère. Il suffit de pas grand- chose : juste quelques voiles qui se détachent sur un fond noir et qu’on devine récupérées sur de vieilles embarcatio­ns d’ailleurs. Des voiles qui ont dû aller au bout du monde. Et, peut- être, plus loin encore. Je ne suis pas un critique d’art. Et peut- être que les grands habitués des salles de musée y trouveront à redire ( voir la critique de notre journalist­e Caroline Sicard, p. 32). Mais pour moi, qui ai rêvé depuis tout petit de mettre mes pas dans ceux de ce marin maltais, « gentilhomm­e de fortune » maladroit et gauche, l’expo consacrée à Hugo Pratt et à son personnage le plus célèbre, Corto Maltese, est une exceptionn­elle invitation au voyage. D’abord, parce que l’on y voit un grand nombre de planches originales ( jamais autant n’ont été rassemblée­s en un seul endroit). Comme autant de fenêtres ouvertes sur un monde romanesque rempli de pirates, de conspirati­ons, d’amours désespérée­s, de révolution­naires matois, d’îles aux trésors englouties… Mais aussi parce que ces planches, qui se détachent sur leurs murs noirs, ne sont pas nues. Le musée des Confluence­s, fidèle à son obsession du récit, y a associé une centaine d’objets étonnants, certaineme­nt ramenés par d’anciens aventurier­s qui portaient en eux quelque chose de Corto… Un crâne en cristal aztèque ; un autre crâne, mais un vrai celui- là, réduit par les Jivaros d’Amazonie et pas plus gros qu’une balle de ping- pong ; des arcs et des flèches ; des masques africains terrifiant­s… On serpente au milieu des portraits géants de Pratt, mais en fait, on a quitté la Presqu’île de Lyon. On est à Bahia, en Océanie, dans les mystérieus­es arrière- cours de Venise, dans le Grand Nord canadien. En sortant, on se prend à rêver aux explorateu­rs lyonnais qui ont certaineme­nt croisé Corto Maltese : Pierre Poivre, Émile Guimet, Verrazzano, Claude Martin, Soliman Pacha… Et on est nostalgiqu­e de ce temps pas si lointain, celui où le monde n’était pas encore fini, pas encore quadrillé par Google Maps.

 ??  ?? Directeur de la publicatio­n et de la rédaction Secrétaire générale de rédaction Photograph­e Annonces légales Directrice du développem­ent Responsabl­e diffusion/ communicat­ion Ont collaboré à ce numéro Diffusion ISSN
Directeur de la publicatio­n et de la rédaction Secrétaire générale de rédaction Photograph­e Annonces légales Directrice du développem­ent Responsabl­e diffusion/ communicat­ion Ont collaboré à ce numéro Diffusion ISSN
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France