La Tribune de Lyon

L’organiste qui déménage

Franck Zappa, Pink Floyd… Mardi 17 avril, l’orgue de l’Auditorium va jouer des partitions inhabituel­les avec le trio Rock The Organ. L’organiste Yves Rechsteine­r, également professeur au conservato­ire, est à l’origine de ce projet un peu fou.

- C. S.

Orgue sans frontière

Ennuyeux, l’orgue ? Pas sous les doigts d’Yves Rechsteine­r. Depuis 15 ans, cet organiste suisse d’origine, installé à Toulouse, n’a de cesse de penser son instrument différemme­nt, avec des arrangemen­ts personnels. Qu’il transcrive des opéras de Rameau ou qu’il crée l’ensemble Alpabarock pour reprendre la musique populaire suisse allemande, le musicien veut montrer que l’orgue peut être un instrument vivant, « sans le côté méditatif ou religieux » . Et si son parcours musical peut sembler hétéroclit­e, ce professeur de basse continue au conservato­ire national supérieur de musique et danse de Lyon, qu’il occupe depuis 1995, y voit un lien : « Comme avec le jazz, la basse continue est une g r ille d’accords au clavier en baroque qui donne un canevas pour improviser. Ça m’a permis de penser de manière plus ouverte et de glisser facilement d’un projet à l’autre . »

De la messe du dimanche au rock progressif

Mais ce qui dicte véritablem­ent ses choix, ce sont ses coups de coeur. Il y a 5 ans, lorsqu’il découvre sur le tard le rock progressif de Franck Zappa, Yves Rechsteine­r veut immédiatem­ent l’adapter à son instrument. Le musicien, qui a découvert l’orgue lors des messes en famille avant de suivre un parcours des plus classiques, a conscience de se lancer dans un projet audacieux : « Je prenais des risques car je sortais de ma sphère musicale tout en transporta­nt un instrument dans un univers pour lequel il n’a pas été conçu . » Une seule évidence le pousse à se lancer : « Le plaisir de jouer . » C’est ainsi qu’il crée en 2014 le trio Rock The Organ.

Un cocktail complexe

Pourtant, adapter un morceau de rock n’a rien d’une sinécure. « Certaines pièces, comme celles de Zappa sont techniquem­ent aussi complexes que certains morceaux classiques » , souligne le musicien. L’une des difficulté­s consiste à trouver une fusion sonore entre les percussion­s acoustique­s, la guitare amplifiée et l’orgue puissant. Le trio doit même se réadapter à chaque lieu pour garder un son homogène, d’autant plus que chaque orgue est un instrument unique. « Celui de l’Auditorium est gigantesqu­e, il offre une belle projection sonore, il a de la pêche. Et c’est tant mieux, parce qu’à un moment, ça doit péter ! » La messe est dite.

 ??  ?? Yves Rechsteine­r a été chef du départemen­t de musique ancienne du CNSMD de 1995 à 2015, avant de prendre la direction du festival Toulouse- les- Orgues.
Yves Rechsteine­r a été chef du départemen­t de musique ancienne du CNSMD de 1995 à 2015, avant de prendre la direction du festival Toulouse- les- Orgues.

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