Les chroniques de la rédaction
LÇA INNOVE ! par DAVID GOSSART
es voitures autonomes s’impatientent : le créateur lyonnais Navya compte annoncer sous peu le démarrage de nouvelles expérimentations à Paris et à Lyon. Mais pour cela, il faut que la réglementation s’assouplisse. Ça tombe bien, le gouvernement vient de montrer sa volonté de ne pas rester à la remorque des États- Unis ou de la Chine. Lundi, Anne- Marie Idrac et Bruno Le Maire ont présenté leur plan d’action. Les véhicules de catégorie 3 ( dont le conducteur peut abandonner le contrôle mais doit pouvoir le reprendre) pourraient être autorisés en 2020, ceux de catégorie 4 ( la voiture peut rouler sans que le conducteur n’intervienne) en 2022. L’Île- de- France devrait effectuer un test sur autoroute ( sur la bande d’arrêt d’urgence) dès 2019. Or au même moment, Christophe Sapet, le PDG de Navya, publiait en ligne une tribune appelant, entre autres, à presser le pas : « Il ne faudrait pas que la France perde son avance sur le marché mondial du véhicule autonome. » En clair, après les annonces, il faut du concret. Nicolas de Cremiers, responsable du développement international de Navya, précise que non, « ce n’est pas un coup de pression. Les signaux envoyés sont très positifs, mais les décrets et donc la mise en application des décisions prennent du temps. » Mais la concurrence s’affûte, même en France. Renault prévoit de sortir 15 voitures semi- autonomes d’ici 2022, et prépare sa propre navette électrique. De quoi chatouiller Navya ? « C’est différent. Renault est plutôt au stade du concept car . » N’empêche, Navya et consorts ont un farouche besoin d’avancer. Or, les décrets attendus pourraient autoriser la circulation de véhicules de niveau 5, où la supervision du véhicule n’est même plus « embarquée » . Pour cela, il faudra tout de même une concertation sérieuse entre le fournisseur du véhicule, la collectivité et le futur opérateur de transport. Donc, si « beaucoup de choses vont se faire d’ici la fin de l’année à Paris et à Lyon » , promet Navya, il y a encore du boulot. Lâcher un véhicule totalement autonome dans la nature avant d’être prêt serait un péché mortel pour cette filière.