La Tribune de Lyon

L’édito de François Sapy

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Le hasard fait parfois bien les choses. Alors même que nous bouclions notre dossier annuel sur Saint- Étienne, j’assistais le matin, à la Part- Dieu, à une énorme convention européenne d’un grand réseau d’audit anglo- saxon, Morison- KSI. En regardant tous ces auditeurs, ces expertscom­ptables, ces lawyers venus à Lyon des quatre coins de la planète, je me disais que nos guerres picrocholi­nes entre Lyon et Saint- Étienne, deux métropoles distantes d’à peine 50 kilomètres, devaient sembler bien ridicules au reste du monde.

Et c’est vrai que c’est ridicule.

Je le dis d’autant plus facilement que je suis ( comme de très nombreux actifs lyonnais) un pur produit du rapprochem­ent entre Saint- Étienne et Lyon, ayant passé la plus grande partie de mon enfance dans la banlieue stéphanois­e. Si l’on veut vraiment être une grande métropole qui compte, il va falloir oublier les querelles du passé.

La bonne nouvelle, c’est que les choses semblent plutôt bien engagées.

Comme le montre l’enquête de Lucas Desseigne, sur de très nombreux points, les deux villes naguère ennemies sont en train de se rapprocher. Il y a d’abord eu la création de l’université, puis d’une chambre de commerce et d’industrie commune, puis — inimaginab­le il y a encore dix ans — le rapprochem­ent entre les deux agences de développem­ent territoria­les, ces structures qui tentent de séduire des entreprise­s pour qu’elles s’implantent dans notre région.

Aujourd’hui, c’est une agence basée à Lyon, l’Aderly,

qui va prospecter les entreprise­s du monde entier pour qu’elles s’implantent à Lyon ou Saint- Étienne. C’est à l’Aderly d’arbitrer entre la Loire ou le Rhône, selon ce qui semble le plus judicieux et adapté. Le maire de Saint- Étienne, Gaël Perdriau, a eu raison de miser sur ce rapprochem­ent.

Voyez un peu le désastre si ces deux agences se faisaient encore concurrenc­e.

Je me suis imaginé, mardi dernier, les fameuses deux agences se présentant en ordre dispersé devant les auditeurs britanniqu­es de Morison- KSI, l’une vantant Saint- Étienne, l’autre privilégia­nt Lyon : sûr que nos distingués auditeurs n’auraient rien compris, seraient partis en courant et auraient choisi une tout autre ville pour s’implanter en France…

Alors, bien sûr, il reste le foot.

La rivalité entre les deux cités ne cessera jamais, de ce point de vue sportif. Mes enfants étant pro- OL, et mes parents pro- ASSE, j’en sais quelque chose. Les réunions familiales sont plutôt animées. Reste qu’il s’agit là désormais plutôt d’une saine émulation que d’une guerre fratricide. Si l’essentiel est commun, on peut se permettre d’être parfois adversaire­s, mais si l’essentiel diverge, nous ne sommes sûrs que d’une chose : nos deux cités vont s’appauvrir.

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