L’Homme qui tua Don Quichotte , de Terry Gilliam- Le Droit du plus fort, de Rainer Werner Fassbinder - Mutafukaz, de Guillaume Renard et Shoujirou Nishimi
Si on était de mauvaise foi, on regretterait presque que l’ancien producteur Paulo Branco qui a voulu empêcher la sortie de
ce projet traîné sur plus de 25 ans n’ait eu gain de cause. Car le nouveau Terry Gilliam renoue avec une grande tradition cannoise : le nanar en guise de film de clôture. Comme ses derniers films ( les atroces Frères
Grimm ou Doctor Parnassus), ce Don Quichotte changeant de casting trois fois et plus encore de scénario au fil du temps ressemble à une bouillie. Sous prétexte de fantaisie – une excuse qui fait long feu – il fait surtout n’importe quoi, n’importe comment. Tout commence par une mise en abyme grotesque avec les pires clichés misogynes qui soient : la femme d’un producteur particulièrement chaudasse qui s’éprend d’un réalisateur de publicité ( Adam Driver, seul intérêt du film). Le réalisateur ne va pas tarder à être pris pour Sancho Panza par le cordonnier illuminé qu’il a choisi pour Quichotte ( Jonathan Pryce en lieu et place de feu Jean Rochefort). Les pires clichés sur l’Espagne s’en suivent : processions, flamenco, latins au sang chaud, le tout avec un je- m’en- foutisme qui confond gesticulations permanentes avec sens du rythme, le tout agrémenté de quelques effets spéciaux à la laideur si repoussante qu’on aurait été prêt à quitter la salle. Il faut se rendre à l’évidence : Terry Gilliam n’est plus que l’ombre de lui- même et ce depuis longtemps ( on pense beaucoup au Baron de Münchhausen sur le même thème). Ce n’est vraiment pas lui rendre service que de lui laisser croire le contraire en le sélectionnant à Cannes. Encore moins aux spectateurs.