Entreprise.
Dentressangle, Voisin, Bernachon, Mérieux, Aulas… Ces grands noms qui parlent à tous les Lyonnais sont aussi des institutions historiques qui, au fil des générations, ont maintenu leur ADN sans se priver de le transformer et de l’adapter à notre époque. M
Petites histoires de
successions à la lyonnaise
Aldès : Stanislas Lacroix, une passation prévue de longue date
« Quand vous sautez le pas et que vous prenez les rênes, il y a un moment où vous vous dites : suis- je bien à ma place ? Prendre la succession familiale c’est stimulant mais c ’ est aussi for
cément un poids. » Stanislas Lacroix a succédé en 2011 à son père Bruno à la présidence d’Aldès, spécialiste des solutions intégrées pour le bien- être dans les bâtiments. L’entreprise créée en 1925 par Bernard Lacroix a été marquée par la personnalité du père Bruno, tranchante, notamment dans les mots qu’il mâchait rarement . « C’est sûr qu’il a apporté une tonalité forte, c’est un homme engagé et de convictions. Apporter sa propre tonalité n’est pas forcément facile » , reconnaît Stanislas qui loue malgré tout « l’apparente facilité » avec laquelle son père a organisé la transmission « en passant du temps avec moi, en sachant lâcher domaine par domaine. Je salue cet effort, et j’ai eu un plaisir fou à travailler avec lui » , confie- t- il. Dans l’ent repr ise qui avait démar ré comme un simple emboutisseur et qui enregistre aujourd’hui 280 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce au travail de 1 500 collaborateurs, la passation de pouvoir s’était en effet organisée de longue date. Stanislas, aujourd’hui âgé de 47 ans, a commencé par faire son service militaire dans des filiales d’Aldès. Il rentre dans l’entreprise dès 1999 après un passage chez Seb, puis grimpe les échelons comme directeur logistique pour devenir directeur général, en 2005. « C’était une volonté d’avancer progressivement afin que je gagne en visibilité. Il était fondamental de montrer aux équipes ce que j’étais capable d’apporter avec ma façon de faire, et que je pouvais forger quelque chose avec eux. » La période de transmission est même tellement progressive qu’elle aura probablement été un peu trop longue. « Pendant quelques mois, avant ma prise de fonction officielle, il a pu exister une forme d’ambiguïté : nous
étions comme deux PDG au sein de l’entreprise. À ce moment- là, il a fallu un peu de temps pour que l’un prenne les rênes et l’autre s’efface petit à petit des décisions de
l’entreprise » , confirme Stanislas Lacroix, qui a rapidement dû rentrer dans le vif du sujet. Mais l’expérience de devoir organiser le premier plan social de l’entreprise en 2017, aussi désagréable qu’elle put être, n’a pas fait passer le goût de l’entreprise à son patron. Et, loin de voir arriver l’âge de t ransmet t re la société à son tour, Stanislas Lacroix laissera à ses propres enfants la liberté de s’intéresser ou non à l’entreprise familiale. « Il faut que les choses se fassent sans contrainte et avec envie. Ça ne doit pas devenir une douleur, ou que ces sujets envahissent trop l’espace familial » , assure- t- il.
« Il faut que les choses se fassent sans contrainte et avec envie. »