La Tribune de Lyon

Contre Bocuse, tout contre

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Le restaurant Comme en Provence v ient de changer de nom et de propriétai­re. « On s’en bat les tomates avec des branches de romarin, on ne connaissai­t pas avant » , pourront se récrier des lecteurs, peu au fait du drame touchant cette bâtisse. En effet, le restaurant est mitoyen de… Bocuse ! C’est injuste, comme exposer des échafaudag­es, si jolis soient- ils, à côté de la tour Eiffel. Cependant, Paul Bocuse a disparu ( toujours vivant, en couple avec Elvis). Et le nouveau propriétai­re, Fabien Chalard, a édifié un concept qui devrait magnétiser une nouvelle clientèle.

Voisin malin. Le lieu a été entièremen­t repassé au Mistral, ou plutôt même à l’ouragan Irma, puisque Fabien Chalard, également créateur du Comptoir de la Bourse et de Pléthore et Balthazar, à Lyon, vient en direct du restaurant le Vagabond à Miami. La Bastide ne ressemble plus à rien de provençal. L’intérieur, baroque, tient de la rencontre entre Néron ( avec bustes de Jules César) et Tarzan pour la spectacula­ire moquette panthère. Mais on y trouve aussi palmiers dorés et lampadaire­s Miami vice. Confortabl­ement installé, sur un fauteuil en velours, sous un lustre de style Game of Thrones, nous avons étudié en profondeur les solutions pour le déjeuner : un oeuf cuit sousvide, purée de céleri, émulsion de beurre noisette et une buratta, roquette, tomates, artichauts et olives, pour les entrées, et filet de lieu noir, courgettes, sauce au curry- magret de canard, carottes à l’orange. Des intitulés classiques, en réalité embusqués dans leur modestie, car le chef Jéremy Biasiol longuement mariné chez Ducasse, et étoilé à Hong- Kong, applique les méthodes venues du haut. Quand il mouline une purée de carottes, on se retrouve face à un légume crémeux sans une once de crème ; il utilise avec équilibre les différente­s herbes aromatique­s, jeunes pousses, graines germées, issues de fleurs, de légumes, ou de l’espace, comme la fameuse feuille au goût d’huître. Bref, une simplicité sophistiqu­ée. On pourrait évoquer la carte des vins, pléthoriqu­e, au point qu’on devrait prévenir le sommelier du risque de tendinite, de même que les très agréables salons privatisab­les, mais on a surtout bloqué sur le bar extérieur géant, piqué de magnums et jéroboams de champagne, chartreuse et rosé. Tout cela n’est pas exactement donné, mais voilà l’aspirateur à cigales de cet été.

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Fabien Chalard, Karine Bernachon et le chef Jéremy Biasiol.

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