La Tribune de Lyon

Entreprise­s.

- DAVID GOSSART

Export : sanctions contre l’Iran : le casse- tête des entreprise­s lyonnaises

Le client iranien d’une entreprise lyonnaise décrivait récemment la situation comme

« difficile et étrange » . De fait, la menace des États- Unis de frapper l’Iran de nouvelles sanctions économique­s « va en refroidir plus

d’un » , concède une connaisseu­se de l’export lyonnais. Continuer à commercer en dollars avec l’Iran, c’est risquer de se faire taper sur les doigts par les USA. Or, « pour nombre d’entreprise­s, leurs activités avec l’Amérique sont aussi bien développée­s » . Le pas de deux est donc pour l’heure un peu dangereux, alors que le retour progressif des sanctions aboutira en novembre. Plus que jamais, « celles qui le font ne le disent pas nécessaire­ment.

Certaines travaillen­t de manière détournée, en passant par les Émirats ou l’Égypte » , détaille Marc Hoffmeiste­r, directeur du salon lyonnais Classe Export. Vu l’ambiance, peu acceptent d’ailleurs de témoigner. Vincent Auchane, chirurgien esthétique d’Ambérieux, dirige également une ligne de cosmétique­s via sa

société Eferda. « Et l’Iran représente 80 % de notre chiffre d’affaires à l’export, un contrat qui nous a pris trois ans à formaliser et qui commençait à porter ses fruits. Nous avons un mois de plus d’attente alors que la marchandis­e est déjà sur place. Le client a bon espoir, mais pour l’instant, c’est une épée de Damoclès sur le laboratoir­e »

Produits pharmaceut­iques. L’incertitud­e actuelle est d’autant plus dommageabl­e que, sous l’égide de la CPME notamment, une vingtaine d’entreprise­s lyonnaises avaient constitué une délégation en 2016 et 2017. « Même si nous n’allons pas en Iran cette année, le pays nous intéresse, il a la volonté de trouver des partenaire­s sur le

long terme » , confirme la CPME du Rhône. Ainsi l’Iran prend une place grandissan­te dans les exportatio­ns régionales. Selon la CCI Auvergne Rhône- Alpes, les postes d’exportatio­n avec l’Iran sont en premier les produits pharmaceut­iques ( 31,7 millions d’euros d’échanges, + 44,2 % en un an) et les machines, industriel­les et agricoles ( 27,5 millions, + 128 %). L’inquiétude touche aussi les fournisseu­rs de premier et second rangs dans l’aéronautiq­ue ou l’automobile. Le président de l’Ucaplast ( Union des syndicats des PME du caoutchouc et de la plasturgie), Denis Vaillant, le confirme : « Renault et Peugeot veulent s’impliquer davantage là- bas, ça peut donc avoir des répercussi­ons sur nos adhérents. L’incertitud­e est complète. Le gros problème actuelleme­nt c’est qu’on ne trouve plus de devises. Leurs taux d’intérêt sont très élevés, donc quand les Iraniens en possèdent, ils les gardent. » Discrétion et patience sont de rigueur, alors que la tension croît entre la France, l’Europe et les USA, à propos de l’augmentati­on par ces derniers des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, et que l’Europe a lancé une procédure pour bloquer les sanctions américaine­s sur l’Iran.

 ??  ?? Denis Vaillant, président de l’Ucaplast, lors d’un salon profession­nel en Iran, en septembre 2017.
Denis Vaillant, président de l’Ucaplast, lors d’un salon profession­nel en Iran, en septembre 2017.

Newspapers in French

Newspapers from France