Les chroniques de la rédaction
ÀVaulx- en- Velin, l’École nationale d’architecture de Lyon a fait la morte, cette semaine, pour déjouer la mort. Ses 1 000 étudiants étaient ailleurs et ses enseignants faisaient grise mine jeudi 7 juin. Bâtiments vétustes, perspectives d’agrandissement repoussées aux calendes grecques, nombre de profs notoirement insuffisant ( 35 % de titulaires quand d’autres écoles, notamment parisiennes, en totalisent 80). L’annonce orale, fin avril, par le ministère de la Culture que les effectifs ne seraient pas renforcés à la rentrée a fait déborder le vase. « Ce ne sera plus tenable comme ça longtemps » , souffle un membre de l’administration. Car dans l’une des régions qui construit le plus en France, et dans une ville de Lyon pour laquelle l’urbanisme est à la fois un mode de développement et de rayonnement, cela peut sembler paradoxal, mais
l’Ensal fait partie des écoles d’architectures les plus mal pourvues du pays. « On est la plus pauvre, la plus petite et la plus sélective : on ne prend qu’un candidat sur 20. Et pour cause, on se base sur ce que peut accueillir notre amphithéâtre et ses 110 places » , reprend l’enseignant. Une réforme passée en février fixe un objectif de 80 % de titulaires dans les 20 écoles d’architecture françaises. Pour l’Ensal, l’équivalent de 29 enseignants supplémentaires. Le double de l’effectif actuel. L’école avait demandé sept postes à la rentrée. « Or, nous avons appris oralement, le 26 avril, que nous ne les aurions pas » , soupire un enseignant. Si rien ne bouge sous peu, « c’est que le ministère ne veut pas d’une école d’archi à Lyon
et qu’il veut la condamner » , évoque un autre enseignant. Le ministère a depuis appuyé en paroles, à l’occasion de la rencontre avec une délégation de l’école, le projet d’extension à la Doua. Des arbitrages d’effectifs sont programmés début juillet. En attendant, l’Ensal fait le dos rond. Mais puisqu’il s’agit d’architecture, peutêtre l’Ensal devrait- elle candidater au loto du patrimoine de Stéphane Bern.