La Tribune de Lyon

À l’affiche. Tracy de Sá : le flow pousse le flow

- C. S.

Son rap nous a fait l’effet d’une petite claque dès la première écoute. Tracy de Sá n’a pour l’instant sorti que quelques morceaux, elle est déjà passée en avril sur la scène des Inouïs – le tremplin du Printemps de Bourges – et à la Ninkasi Urban Week en mai. La revoici ce mois- ci à Lyon pour le Festival de la Croix- Rousse. De la danse au micro

La musique et la danse ont toujours fait partie de la vie de Tracy de Sá. Même après avoir déménagé de Goa, en Inde, pour aller vivre avec sa famille au Portugal puis en Espagne, avant de s’installer à Montpellie­r et enfin à Lyon, la jeune femme a toujours pratiqué la danse, surtout latine. Le hip- hop, c’est son frère qui l’initie, via la musique à l’adolescenc­e. Elle accroche immédiatem­ent aux rythmes et se lance dans la danse hip- hop à 15 ans, de façon intensive. « C’est comme si ça m’attendait depuis toujours. Je répétais tous les jours, j’enchaînais les concours et les battles . » Un jour, elle rencontre un rappeur à Montpel l ier qui lui fait remarquer qu’el le a l’at t itude d’une rappeuse et un bon grain de voix. Encouragée, la voilà qui se lance dans l’écriture de textes.

Débit mitraillet­te

En écoutant ses premiers titres comme Battery Low ou Bring Back hip- hop , la rappeuse impression­ne tout de suite par la maîtrise de son flow tout en accélérati­ons. Il faut dire que la jeune femme a beaucoup travaillé son style pour se différenci­er des autres rappeurs : « Beaucoup utilisent des rythmes très linéaires, alors j’ai travaillé mon débit et mon articulati­on pour devenir impossible à copier. » Et sur scène aussi, Tracy tient à se démarquer grâce à son énergie et ses mouvements d’ancienne danseuse hip- hop.

Être une femme

Côté inspiratio­n, on reconnaît immédiatem­ent l’influence du rap des années 90– 2000 dans son ton volontiers revendicat­eur et féministe, en particulie­r sur son morceau Nobody’s . Elle a même participé au festival La Quinzaine des Féminismes à Marseille au début du mois. Car la jeune femme en connaît un rayon sur le sujet, entre sa culture indienne traditionn­elle et le milieu hypermascu­lin du hip- hop où il faut sans cesse savoir s’imposer quand on est une fille, que ce soit pour attraper le micro lors des battles ou faire taire les moqueries dans les vestiaires. Et en venant de signer sur un label et avec un premier album en préparatio­n pour 2019, la rappeuse risque bien de s’imposer comme une artiste à suivre.

 ??  ?? Tracy de Sá s’est rapidement identifiée aux revendicat­ions hip- hop du fait d’être immigrée et fille d’une mère célibatair­e.
Tracy de Sá s’est rapidement identifiée aux revendicat­ions hip- hop du fait d’être immigrée et fille d’une mère célibatair­e.

Newspapers in French

Newspapers from France