La Tribune de Lyon

À table. O Café du marché : institutio­n revisitée

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De mémoire d’éléphant, le Café du Marché a toujours existé. Il fait partie des intemporel­s rendez- vous apéritifs du quai

Saint- Antoine. Certes, on y rencontre des porteurs de cabas d’où dépassent des poireaux, mais le lieu est avant tout un rendez- vous de commerçant­s prospères et de bonne humeur ( à part l’État, le stationnem­ent, etc.). Sophie Bétoule, la nouvelle patronne, a probableme­nt voulu poser son empreinte en renommant Le Café du marché, O Café du marché, sur la lignée du Capot de Caluire renommé O Capot, lors de l’acquisitio­n, naguère, avec son mari Régis. Une déclinaiso­n à la Oui SNCF… Mais on sait par expérience que les habitudes sont souvent plus fortes. Dans le quartier, on va toujours « chez Maréchal » , même si l’épicerie historique est devenue depuis longtemps un Franprix ou « à Terreaux bricolage » alors que le quincailli­er s’est transformé en Euréka.

Néo- bistrot. La transforma­tion du Café du marché tient plutôt au décor, plus chaleureux, boisé et cosy, même si le niveau sonore rituel n’a pu être étouffé. Celui de la cuisine a gagné quelques degrés sur l’échelle de Bocuse. Le chef, Jérôme Cuenca, surfe sur du « bistrot » remastéris­é et colorisé, un peu chic, avec tartare de thon, steak d’espadon à la plancha sauté au gingembre, risotto de petites crevettes à l’ail, coulis de homard et toast à l’ail, plutôt dessinés en noeud papillon qu’en T- shirt. Si on a apprécié les tatakis de boeuf ( lamelles marinées dans du soja) et l’espuma de tomate ( écume produite au siphon), on regrettera quelques tics liés aux effets de mode, le wok de lieu noir et légumes « façon thaï » était plus proche de la compositio­n de la potée auvergnate que de Bangkok, malgré quelques pousses de soja. La côte de veau, comaque, rendue affectueus­e par une cuisson à basse températur­e, des pointes d’asperges et des pleurotes, n’avait pas besoin de cette quenelle de purée dénaturée par cet envahissan­t arôme de truffe qui commence à nous courir. La patate se suffit à elle- même. On ajoutera que la « véritable salade César » , si agréable soit- elle, serait encore plus « véritable » si la salade était une laitue romaine ( impératif ). Il faut rendre à César ce qui est à

Cæsar. Mais ce sont des défauts mineurs face à des plats rassurants, bien assaisonné­s et altruistes. Pour profiter de la terrasse, animée, surtout réservez.

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Béné et Sophie, dans le cadre repensé de l’ancien Café du marché.

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