La Tribune de Lyon

: « J’ai toujours été en désaccord avec Collomb sur les réfugiés »

Femme de terrain aux conviction­s ancrées, Myriam Picot, avocate et féministe, est entrée en politique avec Gérard Collomb avant de devenir vice- présidente de la Métropole en charge de la Culture. Elle défend bec et ongles une politique d’action sociale c

- PROPOS RECUEILLIS PAR LUC HERNANDEZ

C’est votre premier mandat politique. Vous êtes à mi- mandat, vous seriez prête à rempiler ?

MYRIAM PICOT : Je ne sais pas encore. J’ai toujours pris le parti qu’on donne le meilleur de soi- même avant de céder sa place. C’est aussi une question de génération, c’est bien que ça se renouvelle. Après, ça reste encore une « nouvelle vie » pour moi. Les données politiques compteront beaucoup.

Qu’est- ce qui vous a le plus gêné dans le monde politique ?

Les profession­nels de la politique, y compris des jeunes. Ils n’ont jamais vraiment été au travail, et je les trouve souvent éloignés de la vraie vie en général. Ils perdent le sens des réalités. On a l’impression qu’ils ne font pas autre chose et ça finit par déformer leur vision de la société et du travail.

Vous êtes entrée en politique avec Gérard Collomb. L’évolution de son discours actuel comme ministre de l’Intérieur peut peser sur votre décision de continuer ?

Je n’ai pas le sentiment que Collomb ait tellement changé. Il a toujours asséné que la sécurité était la première des libertés, ce qui est juridiquem­ent contestabl­e d’ailleurs… Il a toujours eu le même discours sur les réfugiés. Je me suis même demandée si ce n’était pas lui qui avait convaincu Macron, vu le changement de position entre la campagne et le discours actuel. Moi, c’est un désaccord que j’ai toujours eu avec lui et que je continue d’avoir. Je le lui ai dit. On a vraiment des points de vue radicaleme­nt différents. Cela étant, Collomb a aussi été un visionnair­e dans son aménagemen­t du territoire métropolit­ain et la conception de la Métropole. On s’est retrouvés là- dessus. J’ai rejoint son groupe en 2014, je n’étais encartée nulle part, je reste encartée nulle part. J’ai mené des combats de gauche et il est venu me chercher en sachant qui j’étais. Des avocats autour de lui comme Richard Brumm n’ont pas dû lui dire forcément beaucoup de bien de moi. Il rassemblai­t, voilà tout. Il a toujours fait du macronisme en fait et il m’a choisie en connaissan­ce de cause.

Et vous pourriez renouer avec le discours actuel du macronisme ?

Actuel, ça sera plus difficile. Tout dépend du rapport de force au sein du groupe et si certaines valeurs sont foulées aux pieds. L’action sociale, la façon de traiter les jeunes migrants, c’est pour moi fondamenta­l. Ce sont des engagement­s que j’ai eus toute ma vie. J’ai beaucoup lutté quand j’étais avocate pour l’accès de tous au droit. J’ai travaillé dans des quartiers comme Le Mas du Taureau, avant même la grande marche de 1983, quand il y avait les émeutes urbaines : j’ai défendu des jeunes qui y prenaient part. Que des familles comprennen­t les mécanismes et soient au courant du droit pour se défendre, c’était pour moi extrêmemen­t important. Pendant 25 ans, j’ai fait des consultati­ons à Bron Terraillon. On voyait des gens tellement démunis face au système administra­tif et commercial dans lequel ils vivaient. C’est très important qu’il y ait de vrais avocats dans ces endroits- là. Pour la Culture à la Métropole, je fais pareil : j’essaie de faire en sorte que tout le monde puisse en profiter en ayant les clés. Mais ce n’est pas facile.

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