La Tribune de Lyon

Le courrier des lecteurs

Suite à la publicatio­n du numéro 654 de Tribune de Lyon en juin derneir, nous avons reçu une longue missive qu’on ne peut pas s’empêcher de partager.

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Monsieur le rédacteur en chef, j’ai eu l’occasion d’avoir entre les mains un exemplaire de Tribune de Lyon n° 654, celui dont l’article principal est consacré

à la chirurgie esthétique à Lyon. Étant moi- même chirurgien, je garderai pour moi les réflexions que m’ont inspiré la lecture de cet article, je manquerais très certaineme­nt d’objectivit­é si je vous les livrais.

J’ai très rapidement compris que j’avais en main une caricature supplément­aire de ce que l’on s’obstine aujourd’hui à appeler la presse, à savoir des « articles » dégoulinan­ts de bien- pensance et de politiquem­ent correct, par exemple sur le jeune issu des quartiers difficiles et qui réussit malgré cela dans un monde impitoyabl­e. Ou celui sur l’alimentati­on moderne à base d’insectes qui va nous permettre de nous débarrasse­r de l’élevage, ce qui permettra de sauver la planète et de ne plus avoir cette barbarie dans nos abattoirs, en sachant que, comme je l’imagine, vous n’avez jamais publié le moindre article sur certains abattages rituels ou sur nos compatriot­es qui une ou deux fois par an égorgent un mouton dans leur salle de bains ou la cour de leur immeuble en présence de leurs enfants. Je me rends compte que cette dernière évocation correspond au combat de Madame Bardot et comprends aussi pourquoi vous ne vous associez pas à cet engagement nauséabond qui rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire. Jusque- là, la lecture de cette chose ressemble à s’y méprendre à ce que l’on trouve maintenant tout le long de l’étal de nos marchands de journaux et je suis toujours étonné de voir qu’autant de publicatio­ns persistent de nos jours dans notre pays, en sachant que cela intéresse de moins en moins de monde. Cela aurait un côté fort amusant si toute cette logorrhée journalist­ique ne se faisait pas aux frais du contribuab­le. J’ai quand même relevé deux articles qui méritent un prix. Le premier, je lui donnerais volontiers le « prix de la débilité absolue de l’année » . Vous avez réussi à publier un article pour nous dire qu’un représenta­nt LR avait véhiculé dans sa voiture sur 500 mètres un représenta­nt du Front national. On parle de deux personnes élues de façon complèteme­nt démocratiq­ue. Vous avez réussi à expliquer au lecteur que vous avez fait une enquête sur cette question et vous concluez en disant que cet indigne covoiturag­e allait se payer très cher au moment des prochaines élections. Je me suis dit en vous lisant que vous avez beaucoup de chance dans votre salle de rédaction. Premièreme­nt parce qu’apparemmen­t, vous n’avez rien d’autre à faire que des enquêtes de la plus haute importance, et deuxièmeme­nt parce que le ridicule ne tue pas.

Le deuxième prix que vous emportez haut la main ne fait pas rire du tout puisqu’il s’agit du « prix du totalitari­sme le plus absolu, qui rappelle sombrement les heures les plus nauséabond­es de notre Histoire » . Pour traîner Monsieur Wauquiez dans la boue, comme je l’imagine vous faites à chaque numéro, pour bien faire rentrer dans le crâne de vos lecteurs que nous avons affaire à un nazi de la pire espèce, vous rapportez ses propos les plus polémiques, comme de dire que « la colonisati­on ne se

résume pas à un crime contre l’Humanité » . À vous lire, on comprend que lorsque l’on parle de la colonisati­on on n’a aujourd’hui plus le droit de dire autre chose que cette notion de crime contre l’Humanité. On n’a pas le droit de dire que la colonisati­on a permis de mettre fin au piratage, à l’esclavage, au cannibalis­me, on n’a pas le droit de dire ce qu’elle a apporté au continent africain en termes de progrès de la médecine, de progrès scientifiq­ues, de constructi­ons de toutes sortes. On a juste le droit de parler de crime contre l’Humanité en sachant que, par

« Vous et vos collègues avez réussi à mettre en place une véritable dictature de la pensée unique, vous interdisez au peuple de penser autrement que vous en lui bourrant le crâne avec de fausses informatio­ns et de la propagande. »

exemple pour la colonisati­on de l’Algérie, le seul État qui ait décidé l’exterminat­ion d’une catégorie de population, c’est justement le gouverneme­nt algérien du FLN, qui a exterminé après l’indépendan­ce, les harkis et les Européens qui avaient eu la naïveté de penser que les accords d’Évian allaient être respectés.

Permettez- moi de vous dire, Monsieur le rédacteur en chef, que c’est une honte. Vous et vos collègues avez réussi à mettre en place une véritable dictature de la pensée unique, vous interdisez au peuple de penser autrement que vous en lui bourrant le crâne avec de fausses informatio­ns et de la propagande. Vous utilisez exactement les mêmes méthodes que Goebbels, le ministre de la propagande d’Hitler, et que Staline qui éduquait les peuples, tout comme se propose de le faire Madame Nyssen. Aujourd’hui les fachos, ce sont vous et tous les inquisiteu­rs que l’on trouve dans tous les médias.

Je me rends compte en me relisant que le prix que je vous ai attribué à un nom un peu long, on peut tout à fait le raccourcir en vous disant que vous avez gagné l’étron d’or de la presse. Bonne soirée. Je ne mets pas à la fin de cette lettre la formule habituelle avec les salutation­s ou les sentiments, mon éducation m’empêcherai­t de mettre les adjectifs qualificat­ifs qui me viennent à l’esprit. Alain Cosmidis Mâle blanc, Français, lépreux, hétérosexu­el

La réponse d’Antoine Comte :

Cher Alain, « Goebbels » , « propagande » , « Hitler » , « Staline » , « heures sombres de notre Histoire » , « nazi de la pire espèce » , « fachos » … Vous nous accusez, ainsi que la presse en général, d’avoir mis en place « une véritable dictature de la pensée unique » . Vous me direz dans un prochain courrier si je me trompe, mais j’ai l’intime conviction, vu vos glorieuses références historique­s, que c’est plutôt vous qui êtes porté sur la chose, non ? Je ne vois d’ailleurs que cette hypothèse pour expliquer votre extrême bienveilla­nce et votre amabilité sans limite à l’égard de notre publicatio­n et de la vie en général. Sortez un peu voir le monde qui vous entoure cher Alain. Ça vous fera le plus grand bien.

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