Mon déjeuner avec Michel Lussault
Pour déjeuner, Michel Lussault n’a guère hésité : Les Raffineuses, à portée de caillou de Jean- Macé. L’occasion de clamer, pour ce natif de Tours, son amour envers le 7e arrondissement et pour ce « vrai bistrot de quartier ouvrier » . Pas un lieu bobo, non. Pour Michel Lussault, la boboïsation, la gentrification, c’est autre chose. Mais pour s’irriter, il n’a qu’à se retourner sur sa chaise. Il peut y contempler un immeuble neuf en train de monter avec des fenêtres qui louchent à 40 centimètres de celles de l’immeuble, ancien, qui lui fait face. Il a par contre décidé de tenter de prendre avec plus de recul les vifs reproches qui lui ont été adressés pendant son mandat de président du Conseil national des programmes, entre 2014 et 2017. Il avait en effet été nommé par Najat Vallaud- Belkacem, un poste dont il a démissionné, en désaccord avec le ministre de l’Éducation actuel Jean- Michel Blanquer.
« Socialisme libéral et libertaire. » Certains lui ont reproché rien moins que d’avoir « détruit l’éducation » . « En trois ans à moi tout seul, je n’en suis pas peu fier ! » , grince- t- il avant de philosopher. « J’ai piloté la mise en place des nouveaux programmes à la demande de la ministre, que beaucoup de ses opposants soupçonnaient de ne pas être à la hauteur. Être une femme issue de l’immigration n’a pas aidé. On m’a reproché de vouloir casser l’excellence au profit d’un égalitarisme niveleur de qualité. Une expérience forte, très exposée, aujourd’hui défaite par le nouveau ministre. »
L’homme se définit « de gauche, plus proche de Rocard que de Mélenchon, supportant la nécessaire liberté, libération de l’individu jusqu’à me trouver proche d’une forme de socialisme aujourd’hui oubliée, le socialisme libéral et libertaire » . Ce qui le rend très sensible aux mouvements coopératifs et aux tiers- lieux. À l’image de celui qui mijote autour de l’îlot Mazagran, à Guillotière. « Il y a trois propositions de la part d’un collectif d’architectes, et j’ai envie de les accompagner avec l’École urbaine, et que la mairie du 7e les accompagne aussi. »