Lutte contre la déscolarisation : le petit pas d’Anne Brugnera
C ’ est ce qu’on appelle une mission éclair. En mai dernier, le Parlement a confié à George Pau- Langevin ( Nouvelle Gauche) et Anne Brugnera ( LREM) une mission d’un mois et demi consacrée à la déscolarisation. Un délai serré pour démêler un sujet méconnu. Présenté mercredi dernier, leur rapport, préconise un contrôle renforcé de l’instruction à domicile. « Il s’agit d’un problème marginal, concède Anne Brugnera, députée de la 4e circonscription du Rhône, en 2015, ils étaient environ 500 à ne
pas fréquenter l’école dans la
région lyonnaise » . Si les chiffres ne paraissent pas alarmants sur le papier, le gouvernement qui défend « l’École de la confiance » ne peut ignorer un phénomène qui trahit parfois une méfiance envers l’institution scolaire. Précisons : en France, aujourd’hui, l’instruction est obligatoire de 6 à 16 ans. L’école, elle, ne l’est pas. Depuis les lois Ferry, l’instruction en famille est légale et encadrée. « Notre intention n’est nullement de contester le droit d’instruire son enfant à domicile » , précisent les élues dans leur rapport. Non, il s’agit seulement de débusquer les cas où cette liberté « est détournée de sa vocation » et échappe aux contrôles. Tout enfant instruit à domicile doit en effet être recensé, et ses acquis évalués. Or, « le suivi est trop léger » , constate Anne Brugnera. Au nom de la liberté d’instruction, certains parents rejettent les programmes scolaires : « le rythme choisi peut être étrange : un enfant n’aurait pas besoin de savoir lire à 6 ans. »
Refus de l’angélisme. Les défenseurs de l’instruction en famille sont une minorité active et bénéficient d’une opinion publique favorable, à l’heure où l’Éducat ion nat ionale a depuis longtemps perdu de sa superbe. En 2016, le col lect if Les Enfants d’Abord ( LED’A) s’était félicité de la censure par le Consei l const itut ionnel des dispositions présentées par Najat Vallaud- Belkacem, alors ministre de l’Éducation nationale. Déjà, ces mesures visaient à renforcer le suivi du socle commun de connaissances par les enfants déscolarisés, une entreprise « liberticide » jugeait alors le collectif. La musique pourrait repartir de plus belle, car Anne Brugnera refuse l’ « angélisme » . Pour l’heure, toutefois, l’élue garde son gant de velours : « il faut mieux accompagner les parents, insiste- t- elle. Notre but est de les aider. »