La Tribune de Lyon

MEKONG ASIAN VILLAGE

La version 3D

-

L’histoire de Mékong au parc de Miribel ressemble à l’histoire du monde. Au début, il n’y a rien que des plantes et des bestioles qui piquent. Puis, des humains s’installent et font des barbecues. Le succès aidant, le procédé s’industrial­ise, et partout il y a des papiers gras et des gamins qui vous courent dans les pâtes ( pardon, les pattes). Il y a deux décennies, le Mékong était une légende. Pas de panneaux, des Asiatiques vendaient leurs spécialité­s, rouleaux de printemps, noui l les ou brochettes sur des nappes posées sur l’herbe. Il fallait être initié pour connaître ce repaire, réputé secret. Le Mékong est passé ensuite dans le dur : préau, karaoké, stands vietnamien­s, laotiens, thaïlandai­s, coréens, large terrasse de chaises en plastique. Mais depuis cet été, on est entré dans une superprodu­ction.

Il faut désormais parler de Mekong Asian Vi l lage, une imposante food court de containers, culturelle­ment très ouverte — c’est un euphémisme : on peut ressortir avec un piercing, l’épilation intégrale du maillot, un cours de boxe, des burgers ou des crêpes au Nutella.

Citrouille. Il reste heureuseme­nt des stands asiatiques pour justifier l’entrée, spectacula­ire, de style temple Shaolin revu par Disney. On apprécie toujours les spécialité­s coréennes de Madame Lim, le stand thaï ; les bò bún de My viet food sont tout à fait corrects ( vermicelle­s de riz, nems, concombre, cacahuètes, coriandre etc.) Mais, on a été moins emballé par les vapeurs de Chez Michel

( sic) ou le canard laqué de Papasam, cantinesqu­es. On comprend l’intention louable visant à dépasser le communauta­risme, mais le stand de glaces Nestlé, les churros, les hot- dogs à la saucisse de volaille, les crevettes burgers font plus Vogue des marrons qu’embarqueme­nt pour les mystérieus­es saveurs de l’Asie. Il serait aussi judicieux que quelqu’un s’intéresse au nettoyage du sol et des tables, abandonnés à la feignasser­ie de clients indélicats, qui n’ont pas le courage de faire quelques mètres pour jeter leurs reliefs dans les poubelles. Il serait aussi bon que les échoppes acceptent la carte bleue, le plus proche distribute­ur se trouvant à 2 km. Reste les bières Tsintao, les dépaysants desserts au riz fermenté, au durian ou à la citrouille. Le Mékong devrait s’inspirer de cette dernière pour se transforme­r en carrosse, puisque telle semble être l’ambition.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France